Après avoir longtemps fermé la porte à une concertation avec les pays de l'Organisation des pays exportateurs de pétrole (Opep), la Russie, premier producteur mondial de pétrole, change de fusil d'épaule. Moscou, par la voix de son ministre de l'Energie, se dit prête à participer à une réunion avec l'Opep dont elle n'est pas membre, en vue d'une possible «coordination» face à l'effondrement des cours du brut. Actuellement, les pays de l'Opep tentent de convoquer une réunion avec la participation de pays membres de l'Opep et de pays non membres en février», a déclaré jeudi dernier Alexandre Novak, cité par les agences russes. «Certains pays ont proposé une telle initiative et la question est actuellement étudiée par les différents pays. De notre côté, nous avons confirmé la possibilité de notre participation», a-t-il ajouté. Le ministre russe de l'Energie a précisé qu'une telle réunion pourrait donner l'occasion à «des consultations concernant la situation du marché, le bas niveau des prix et les possibilités de coordination concernant la production». Selon le ministre, lors des précédentes rencontres, l'Arabie Saoudite, chef de file des treize membres de l'Opep, aurait proposé une baisse de production de 5% pour chacun des pays. Cette information n'a pas encore été confirmée par Riyad. Mais un délégué de l'Opep, cité par l'agence Reuters, a affirmé que «les pays membres du Golfe sont prêts à coopérer», et que «toutes les solutions sont envisageables». Par contre, quatre autres délégués de l'Opep interrogés par l'agence Bloomberg ont indiqué n'avoir jamais entendu parler de telles discussions. «Il est possible que la Russie teste l'idée pour jauger les réactions des membres de l'Opep à l'idée d'une réduction de la production», commentait Jason Bordoff, directeur du Center of Global Energy Policy de Columbia University, cité par Bloomberg. Pour de nombreux analystes, le revirement de la position de la Russie tient à plusieurs facteurs. A l'instar des membres de l'Opep, le pays, qui tire la moitié de ses rentrées budgétaires du pétrole et du gaz, paye un coût très élevé à la dégringolade des cours sur le marché pétrolier. Moscou subit également les sanctions occidentales dues à la crise ukrainienne et sa monnaie est tombée la semaine dernière au plus bas niveau de son histoire face au dollar. La production de pétrole de la Russie a atteint 10,7 millions de barils/j en 2015, un record depuis la chute de l'Union soviétique en 1991. Pour l'instant, l'Opep s'est montrée divisée et n'a pas baissé ses quotas de production malgré la déroute des prix. Plusieurs pays membres de l'Opep, dont l'Algérie et le Venezuela, ont plaidé en vain récemment en faveur d'une réduction coordonnée de la production afin de faire remonter les cours du baril, divisés par trois depuis la mi-2014. Les déclarations du ministre russe de l'Energie ont en tout cas fait rebondir les cours, après avoir chuté la semaine dernière à leurs plus bas niveaux en douze ans. Les prix du pétrole s'affichaient en hausse, hier, en cours d'échanges européens. Vers 15h (heure algérienne), le baril de Brent de la mer du Nord pour livraison en mars valait 35,39 dollars sur l'Intercontinental Exchange (ICE) de Londres, en hausse de 59 cents par rapport à la clôture de jeudi. Dans les échanges électroniques sur le New York Mercantile Exchange (Nymex), le baril de light sweet crude pour la même échéance gagnait 52 cents, à 33,74 dollars.