Le groupe terroriste dont les ramifications s'étendaient à travers les villes du nord de l'Italie bénéficiait d'un financement consistant et son chef a pu jouir pendant des années du statut de réfugié politique en Italie. Cette formation agissant sur le territoire italien mais aussi au niveau européen n'était pas ce qu'on appelle une cellule dormante et était composée de 14 membres, dont seuls trois activistes se trouvent en détention préventive, les autres sont tous en fuite et par conséquent recherchés par les polices européenne et américaine. Les trois mandats d'arrêt lancés et exécutés, hier matin, par le parquet de Milan ont permis l'arrestation de Mejri Affif, un Tunisien qui a la nationalité algérienne, à Zurich, dans Fédération suisse, alors que les deux autres présumés terroristes, identifiés comme étant des citoyens algériens, Ahmed Nacer Yassine et El Heit Ali, sont déjà incarcérés dans deux prisons italiennes, celles de Sulmona et de Naples. Le magistrat milanais chargé de l'affaire, Luigi Orsi, a pu remonter la filière maghrébine et établir que le groupe était directement lié à l'activiste algérien, porte-parole du FIS dissous en Italie, Djamel Lounici qui, avec son beau-père Othmane Deramchi, arrêté l'été dernier à Marseille, gérait un vaste réseau d'islamistes impliqués dans des activités de terrorisme, de racket et de blanchiment d'argent. La cellule démantelée hier serait responsable de deux attentats terroristes au moins qui, en 2005, ont fait 13 victimes parmi des militaires et 5 autres parmi les effectifs des gardes communaux, dans la région de Biskra et de Telagh, selon ce que les investigateurs italiens ont révélé hier à la presse, citant des informations recueillies auprès de la police algérienne. Djamel Lounici, qui se trouvait aux arrêts domiciliaires, dans la périphérie de Milan, après que ses avocats ont pu convaincre les juges de la détérioration de l'état de santé du militant du FIS, a pu bénéficier des largesses de la dernière loi d'amnistie que le gouvernement Prodi a promulguée et appliquée au début de l'été passé, soulevant une vive polémique parmi les Italiens, opposés à tout allégement de peine pour les condamnés ayant commis des délits portant atteinte à la sécurité des personnes. Lounici était non seulement, comme vient de l'établir la justice italienne, recherché par la police de plusieurs pays européens, dont ceux d'Allemagne et de France, mais tout comme Rabah Kebir, aujourd'hui réhabilité par les amnésiques du pouvoir, alors qu'il revendiquait à coups de tracts publics l'assassinat de journalistes et de femmes algériennes, il peut aujourd'hui jouir de l'impunité de la justice algérienne après avoir bénéficié, scandaleusement, d'un asile doux que la gauche italienne des années 1990 lui a aveuglément garanti. Après le 11 septembre, de ce côté-ci de la Méditerranée, on répugne désormais à abriter ce genre de criminels, qui pourront toujours trouver asile en Algérie même, alors qu'ils ont poussé par leur idéologie inquisitrice et assassine les meilleurs des fils de l'Algérie à un exil amer. Selon les enquêteurs, la cellule milanaise a pu recueillir en quelques années un capital faramineux évalué à plus de 1,3 million d'euros, transférés de l'Italie vers l'Algérie et vers d'autres pays, par comptes bancaires et postaux, pour financer le trafic d'armes et le recrutement de volontaires prêts à commettre des attentats terroristes.