Bien avant le mois de Ramadhan, le phénomène spéculatif ne cesse d'accroître et de nuire aux bourses des familles et les consommateurs ne se font plus d'illusions. Leur étonnement s'accroît, leur démarche s'effarouche, leur débit verbal cultive l'inquiétude et la crainte perdant tout espoir face à ces prix aberrants qui inspirent la peur et qui indiquent bien que le contrôle est absent. Pour une raison qui demeure énigmatique, l'unique marché de gros des fruits et légumes de la wilaya s'est envolé du chef-lieu, pour atterrir à la commune de Daïa. Au fil du temps, ce marché est bel et bien tombé entre les mains des spéculateurs chevronnés, d'individus pour la plupart étrangers à la ville, qui se sont, du jour au lendemain, improvisés commerçants de gros. Les services administratifs, chargés du contrôle des activités commerciales, le disent clairement : « Devant ceux-là, nous ne pouvons rien faire, nous craignons une pénurie générale en matière des fruits et légumes à travers la ville, en cas où nous les empêchions d'activer. » Pourtant, au service du contrôle de la qualité et des fraudes, on nous montre bien les différents textes régissant les règles de création, de transparence et de loyauté dans les pratiques commerciales. Ces spéculateurs que l'on rencontre même au marché de détail, régulant à leur convenance les prix de vente, profitent des circonstances pour accroître en toute quiétude leur valse incessante avec le consommateur mystifié, le saignant ardemment. Les autorités locales, quant à elles, n'arrivent toujours pas à équilibrer la proportion « vrais ou faux commerçants ! » Une tare bureaucratique qui donne de nos jours ses fruits amers. Quant au Ramadhan proprement dit, la note ministérielle, datant de 1998 et bien d'autres, interdisent la vente du pain sur les trottoirs et de certaines denrées alimentaires. Celle-ci exige des conditions strictes en matière de spéculation, de fraudes, d'hygiène et de salubrité des locaux, des équipements et du personnel. Pour faire respecter ces textes, la direction du commerce de la wilaya aurait craintivement mobilisé une brigade de contrôle, habilitée à établir des PV en cas d'infraction et même à effectuer des saisies sur des produits impropres à la consommation. Une brigade mixte aurait inclu même un agent du service de métrologie légale, chargé du contrôle des instruments de mesure. On apprendra à ce sujet que les balances non étalonnées sont interdites dans toute transaction commerciale. « Elles sont saisies en cas d'utilisation dans la commerce », nous dit-on ? Ces balances non contrôlées, c'est précisément l'instrument utilisé en quantité sur les trottoirs de la ville, où tous les produits sont vendus. L'arnaque y est certaine et le consommateur le sait bien. Il pense gagner au change, puisque les prix sont plus bas quand il fait ses emplettes à la rue commerçante Cheikh El Haouès par rapport à ceux appliqués aux marchés couverts. Les rares brigades de contrôle ne comptent elles qu'à s'adresser vainement à ces rangées de commerçants qui occupent une grande partie de l'espace public au détriment des passants ? Le plus spectaculaire est le caractère émouvant de ces espaces marchands de cette rue, qui représente l'épicentre commercial de la ville, le décor est désolant. Les jeûneurs sont agrippés aux étalages de fortune. Ils ne font pas attention aux énormes brouettes qui risquent de les renverser. Priorité aux achats. Diouls, galettes, viande, fruits et légumes sont proposés à des prix qui concurrencent ceux des boutiques des marchés couverts. Ils font le plein des provisions, patiemment, ne renaudant pas à marcher sur les flaques d'eau ou sur les tas de détritus. Dans une demi-heure, c'est la rupture du jeûne. Les marchands de la rue Cheikh El Haouès décampent en deux mouvements, laissant des ordures derrière eux. Subsisteront alors, quelques chats affamés. Toutefois, une question mérite bien d'être posée, après la rupture du jeûne : qui parmi les responsables locaux pense-t-il mettre du sien pour enfin éradiquer une telle anarchie dans le commerce illégal et les prix incontrôlés, au but mercantile et dont les retombées grèvent lourdement le budget du consommateur ? Et qui, parmi ceux-là, sera-t-il capable de détrôner ces « rois spéculateurs » qui altèrent l'environnement par leurs pratiques illicites, défiant par-là, faute d'impunité, l'ensemble des autorités ? Quoi qu'il en soit, le cri d'angoisse est lancé, traduisant clairement l'essoufflement du petit smicard. Quel dommage !