Réduire la courbe de l'incidence du cancer est le cheval de bataille des spécialistes et des associations. Cinquante mille nouveaux cas sont enregistrés par an en Algérie, dont 70% sont diagnostiqués à un stade avancé. Les cancers du sein, du poumon et le colorectal arrivent en tête avec des taux de mortalité en hausse. Les spécialistes et les associations sont aujourd'hui engagés dans une lutte acharnée pour tenter de réduire la courbe de l'incidence et de la mortalité. La prévention et le dépistage demeurent les maîtres-mots de cette bataille. Le cancer est une maladie qui touche de plus en plus d'Algériens. Le nombre de cas ne cesse d'augmenter, particulièrement chez les personnes jeunes, hommes et femmes. Certains cancers, tels que ceux du poumon, coloréctal chez l'homme et le cancer du sein chez la femme ont atteint, durant les dernières décennies, des proportions alarmantes. Une maladie redoutée et qui fait peur, sachant que la guérison n'est pas toujours possible devant d'autres pathologies lourdes. C'est pourquoi la lutte contre le cancer passe par l'information et la prévention. A cela s'ajoute le dépistage, les deux éléments essentiels dans cette bataille, estime le professeur Hassen Mahfouf, chef de service d'oncologie à l'EPH de Rouiba. Pour lui, on doit passer impérativement par la lutte contre les facteurs de risque pour réduire l'incidence et la mortalité. Il est donc essentiel d'agir sur le tabagisme qui fait ravage et est à l'origine de plusieurs cancers. L'école est, selon lui, le lieu où la sensibilisation doit être intense et les pouvoirs publics doivent agir pour interdire et la vente de cigarettes aux mineurs et de fumer dans les lieux publics. La nourriture constitue également un élément essentiel sur lequel nous devons insister pour encourager l'alimentation riche en fibres et les fruits et légumes. Encourager l'activité physique doit également faire l'objet d'un programme pour arriver à assurer une bonne santé. Ce qui doit se traduire par des actions sur le terrain. Le dépistage est aussi un des outils de lutte contre cette maladie. Des campagnes sont lancées à travers les différentes wilayas, à l'instar de celle organisée par le ministère de la Santé, de la Population et de la Réforme hospitalière en collaboration avec l'association El Amel de lutte contre le cancer à Biskra, Jijel, El Oued, M'sila, etc. «C'est une première étape pour se lancer dans le dépistage de masse. un des axes stratégiques du plan cancer», a souligné le Pr Mahfouf. Et de souligner que le but à travers ce dépistage est d'inciter les Algériens à aller consulter dès les premiers symptômes. «Il est aujourd'hui important que les citoyens algériens comprennent que consulter précocement permet une meilleure prise en charge de la maladie et espérer même la guérison», a-t-il indiqué tout en rappelant que le dépistage est l'un des objectifs du Plan cancer. Lequel doit être précédé par la formation des médecins généralistes pour détecter à temps ces cancers. «Les moyens de dépistage sont aujourd'hui disponible à travers le territoire national, notamment l'imagerie médicale. La prise en charge du cancer connait aujourd'hui de nombreuses évolutions, que ce soit sur le plan des infrastructures ou de traitement», a souligné le Pr Mahfouf, qui précisant que cela est dû au fait que de nombreux centres ont été ouverts ces deux dernières années à Sétif, Batna, Annaba et Constantine. Interrogé sur les délais éloignés pour les rendez-vous de radiothérapie, le Pr Mahfouf estime que «le problème ne devrait plus se poser dans les prochains mois, vu la multiplication des centres anticancer dotés de services d'oncologie et de radiothérapie à travers les différentes wilayas du pays. Les patients sont désormais pris en charge dans les délais pour certains cas près de chez eux et c'est l'un des objectifs du Plan cancer». Le professeur relève qu'une nouvelle organisation, à travers les rencontres de concertation pluridisciplinaire (RCP), centralisée pour Alger au niveau du CPMC, là où il y a toutes les spécialités, a permis une réduction des délais d'attente et une amélioration de prise en charge. «Ce n'est plus au malade d'aller se ‘débrouiller' un rendez-vous de chimiothérapie ou de radiothérapie», a t-il dit tout en souhaitant que ces RCP soient généralisées dans les différentes régions du pays. Et de signaler que la bataille contre le cancer est l'affaire de tous : «Notre objectif n'est pas la nombre de patients à traiter, c'est plutôt la qualité des soins à promouvoir. Il faut que nos citoyens aient les mêmes chances de traitement que les Américains. Nous devons aussi nous concentrer sur les soins de support, réorganiser les structures de proximité et promouvoir l'hospitalisation à domicile.»