Dimanche, alors que les parlementaires seront réunis à Alger pour l'adoption de la nouvelle Constitution, un référendum symbolique sera organisé dans le nord de la France. «Il y aura une urne, sur les marchés, dans les lieux de rencontre de la communauté algérienne. C'est une votation citoyenne pour que l'on s'exprime : pour ou contre la nouvelle Constitution, pour ou contre l'article 51», explique Chafia Mentalecheta, députée des Algériens de l'étranger, qui boycottera le vote au palais des Nations et qui demande l'abrogation de l'article qui exclut les binationaux des hautes fonctions politiques. Hier, Abdelmalek Sellal a voulu calmer la contestation : «L'article 51 du projet est très clair et ne vise aucunement nos frères à l'étranger, mais plutôt concerne les fonctions supérieures et sensibles. L'Etat et les lois définiront ces fonctions.» Le Premier ministre a précisé que les postes concernés relevaient des domaines de «la sécurité et la sécurité financière», contredisant Kamel Rezak Bara, conseiller à la présidence de la République, qui avait affirmé, mardi, que les restrictions de l'article 51 concernaient les postes de gouverneur de la Banque centrale, Directeur général de la Sûreté nationale et président de la Cour suprême. Chafia Mentalecheta affirme ne pas être opposée aux restrictions pour les postes de chef d'état-major ou chef des services secrets. «L'inscrire dans la Constitution est une atteinte à l'unicité et historiquement cela nous renvoie à l'époque coloniale où il y avait deux collèges», estime-t-elle. Slim Othmani, directeur de NCA Rouiba qui possède la nationalité tunisienne, s'est résigné : «Cela ne sert à rien d'aller à contre-courant, les gouvernements sont trop forts. En revanche, la diaspora doit s'organiser. Il faut dire aux autorités : comme vous considérez que nous n'avons pas de rôle à avoir dans le pays, si vous voulez nos compétences, il va falloir les payer.» Le chef d'entreprise, qui ne doute pas de l'adoption du texte par le Parlement, regrette le message envoyé par les autorités : «Ils sont à contre-courant de la mobilité humaine, des mariages mixtes qui arrivent tous les jours. Le système est paranoïaque et va constitutionnaliser sa paranoïa». Un jeune chef d'entreprise algéro-français ne compte pas protester contre l'article 51, mais avoue se sentir visé. «Quand Brahimi marque, tout le monde dit qu'il est Algérien. Mais nous, dans la vie de tous les jours, on n'est pas complètement considérés comme des Algériens», soupire-t-il. Anissa, Algéro-Française, venue s'installer en Algérie il y a 4 ans, s'emporte : «On doit toujours prouver qu'on est plus Algérien que les autres. On choisit de vivre ici, de travailler ici, de payer nos impôts ici, de promouvoir ce pays, mais ce n'est jamais assez !»