Le premier moyen du développement économique est la liberté », a affirmé l'ex-chef de gouvernement, Ahmed Benbitour, lors d'une conférence-débat animée, avant-hier, au siège de la fondation Friedrich Ebert, à Alger. Cette conférence, organisée conjointement par l'UGTA et ladite fondation, a été placée sous le thème « Développement et cohésion sociale ». Pour M. Benbitour, la liberté n'est pas uniquement une finalité du développement, mais un outil indispensable pour toute stratégie de développement d'un pays. Un moyen qui n'a pas vu le jour en Algérie depuis l'indépendance. « L'autoritarisme ne signifie pas développement. Si c'était le cas, les pays africains seraient les plus développés du monde », a-t-il souligné. La cohésion sociale est tributaire, a-t-il ajouté, de la stabilité du pouvoir qui est une caractéristique de la démocratie. La problématique de la cohésion sociale, a souligné également l'orateur, ne peut pas être limitée aux salaires. « Limiter la cohésion sociale au salaire, veut dire la tronquer. Cette cohésion a besoin aussi de l'équité et de la croissance économique », a-t-il lancé. Et d'ajouter : « On ne peut pas avoir un développement sans l'équité. » Selon lui, le manque de capacité, l'insécurité et le verrouillage des espaces du débat depuis 1962 ont favorisé la pauvreté. Une situation attisée par l'absence d'une relance économique effective. « La relance économique effective n'était pas au rendez-vous », a-t-il expliqué. En sus de l'absence de stratégie, le conférencier a évoqué également une autre défaillance, en l'occurrence la fermeture du champ politique au nom des choix adoptés par les gouvernants. « Le champ politique était considéré comme un espace pour l'unité nationale et non une tribune pour la contestation politique », a-t-il souligné. Un tel verrouillage n'a pas favorisé la rectification des erreurs commises. « Les choix politiques du pays, jalonnés par l'omniprésence de l'Etat à tous les niveaux, ont conduit aux déséquilibres actuels. Il n'y a pas de possibilité de recours pour corriger les torts », a-t-il soutenu. La situation socioéconomique du pays s'est détériorée davantage depuis 1986, avec la dégradation de l'équilibre entre la croissance économique et la croissance démographique. Au plan de la croissance démographique, a-t-il indiqué, l'Algérie a accusé un retard d'une vingtaine d'années. « Pour maintenir le niveau du chômage actuel, il faut avoir une croissance économique annuelle de 7,5% », a expliqué Ahmed Benbitour. Le développement, a-t-il renchéri, est conditionné, en somme, par la transition politique, démographique et économique. L'ancien chef de l'Exécutif est revenu également sur la situation actuelle de l'économie nationale. Ayant déjà qualifié « le pays d'exportateur de richesse et d'importateur de pauvreté », Ahmed Benbitour persiste et signe. Toutes les conditions favorisant une nouvelle crise économique, selon lui, sont toujours présentes en dépit de l'aisance financière, due à la hausse des prix du pétrole. Parmi ces conditions, il cite la corruption. Un phénomène qui s'est généralisé dans tout le pays et à tous les niveaux. A ce dernier, l'orateur ajoute l'absence de stratégie.