Dans ce livre à la fois auto-biographique et descriptif d'une période, on a constamment le sentiment de se promener dans une âme, celle de l'auteur, mais aussi dans l'âme d'une ville. Et la promenade finie, on se rassure, car en fait le voyage vers la gloire n'est jamais terminé. Sans doute la personnalité de l'auteur, Omar Chaalal, est pour beaucoup dans la sincérité du texte et sa crudité. Ayant côtoyé la jeunesse, il lui a légué en toute humilité tout ce qu'il pouvait en tant que formateur. Près du petit peuple, il ne s'en est jamais détaché. Opposant après le 19 juin 1965 au sein du PAGS, il a été plusieurs fois incarcéré. Son parcours est déjà une trajectoire d'un homme engagé pas du tout insensible aux pulsations de la ville. Dans ce livre, il nous fait partager sa passion de l'Entente, une équipe si populaire, si légendaire qu'elle avait conquis le cœur de tous les Algériens au lendemain de l'indépendance en s'imposant comme l'un des mastodontes de la compétition et principalement en coupe d'Algérie. Dans les 200 pages bien agrémentées d'anecdotes et de faits cocasses, l'auteur nous plonge dans le creuset véritable du football à Sétif. Les terrains vagues de 400 m appelés «Les Q'atças», écoles populaires d'où sont sortis d'athentiques champions. Les kharchi, khemicha, Koussim, Messaoudi, Salhi, Mattem, Adjissa… C'est dans ce terroir qu'ont émergé les kharchi, Khemicha, Koussim, Messaoudi, Salhi, Mattem et autres Adjissa. L'ESS est née en 1958, date de la création de la majestueuse équipe du FLN. Mais si les joueurs de celle-ci, professionnels et aguerris étaient prêts pour la grande et prodigieuse aventure, ceux de l'Entente n'étaient qu'un embryon. Il a fallu en dénicher chez les anciens de l'USFMS et du Stade Africain de Sétif, en ayant un œil sur ceux de la JSS. Dekkoumi Brahim, premier président de l'ESS et son équipe avaient du pain sur la planche, même s'ils devaient compter sur un homme exceptionnel, Ali Layasse, que l'auteur qualifie justement de «gardien du temple du football sétifien». «Peu à peu, les Sétifiens retrouvent en l'Entente une équipe qui pique leur fierté patriotique». Après l'indépendance, l'ESS représente l'Algérie dans un tournoi à Tunis qu'elle a remporté aux côtés de la Marsa, du Club africain et de l'Espérance de Tunis sous le regard d'un homme qui allait s'identifier à la métamorphose du football sétifien, nous avons nommé Mokhtar Aribi. Omar nous raconte avec une infinie tendresse le parcours passionnel de cette prestigieuse formation qui saura, à travers son football chatoyant, donner les couleurs de la vie faites toutes en poésie et qu'elle couronnera avec «ce second souffle sétifien» qui évoque l'air pur des Hauts-Plateaux, mais aussi l'impuissance de ses adversaires à la contrer. SAGA AFRICA Omar évoquera différentes péripéties de la vie du club, la rivalité entre l'ESS et l'USMS, le règne de Kermali, la paradoxale consécration de Sétif en Coupe d'Afrique alors que l'équipe végétait en deuxième division. Mais l'auteur, fidèle à lui-même, n'élude pas les anicroches et les points noirs, comme cet épisode qui a vu les joueurs se liguer contre l'entraîneur adjoint Khalfa Krimo qui avait pourtant fait un excellent duo avec Aribi. Des faits de ce genre et bien d'autres sont rapportés dans ce livre de 200 pages paru aux éditions Casbah et que l'auteur se fera un plaisir de dédicacer le samedi 13 février à 14h à la librairie El Ijtihad (ex-Dominique), rue Charras.Hamid Tahri L'Entente au cœur. 1956-1988 :Un trentenaire historique. de Omar Mokhtar Chaalal Editions Casbah