Cet atelier s'inscrit dans le cadre du projet d'évaluation sur les armes légères au Sahel et dans les pays limitrophes élaboré conjointement par le Centre régional des Nations unies pour la paix et le désarmement en Afrique (Unrec) et le bureau sous-régional du PNUD pour l'Afrique. Ledit projet a permis d'enquêter sur la situation des armes légères et de petits calibres (ALPC) au Sahel, dans le but de promouvoir des interventions conjointes et la coordination accrue ainsi qu'une approche régionale au-delà des actions spécifiques des pays. Il s'est agi aussi de recueillir et d'analyser des informations quantitatives et qualitatives sur les armes légères dans une zone géographique spécifique, en vue de déterminer l'opportunité et la nature d'initiatives appropriées à entreprendre afin de faire face aux enjeux toujours plus complexes associés au commerce illicite, la prolifération incontrôlée et à l'utilisation abusive des armes légères. Ce projet, focalisé sur les neuf pays du Sahel précités et financé par le Japon, comprend trois phases : la première a consisté en une recherche documentaire préliminaire. Elle a été suivie de consultations avec les acteurs impliqués dans la lutte contre la prolifération des ALPC dans deux des neuf pays. La troisième phase est celle relative à l'organisation de cet atelier régional de validation du rapport final. Plusieurs thématiques telles que les mécanismes institutionnels, les normes régionales/coopération, le trafic illicite frontalier et la gestion des frontières ont meublé les travaux de groupe et la session plénière de cet atelier de Lomé. Chaque pays était représenté par trois personnes : le responsable de la commission (le président ou le secrétaire permanent) ou le point focal national, un représentant du ministère des Affaires étrangères en charge des questions juridiques, et un représentant de la société civile. Par ailleurs, les consultants ayant participé à la rédaction des rapports d'évaluation, ainsi que les représentants des bureaux nationaux du PNUD concernés étaient présents. Vulnérabilité des pays du Sahel La représentante-résidente de l'Unrec, Olatokunbo Igé, a déploré la «situation d'insécurité qui sévit dans les pays du Sahel» et appelle «à la prise de mesures devant limiter la prolifération des ALPC» dans cette zone. Face donc à la vulnérabilité des pays du Sahel et aux effets déstabilisateurs de l'insécurité qui résultent des conflits armés, des activités terroristes et des divers types de trafics d'armes, il est urgent que de telles rencontres s'organisent pour jeter les esquisses de solutions visant à prévenir et à éradiquer le fléau. Les récentes crises en Libye, au Mali, dans le nord du Nigeria ou en République centrafricaine, sans oublier les incursions meurtrières des terroristes armés au Niger, au Tchad et au Cameroun ont exacerbé cette situation. Conséquence : le pillage des arsenaux de l'Etat et la prolifération des armes légères illicites dans la région. Le rapport régional vient donc d'être validé, ce qui ouvre désormais la voie à des actions de terrain. Pour Mme Igé, l'étape suivante est «le renforcement des capacités des acteurs sur le terrain dans chaque pays, afin de combler les gaps et résorber les points faibles observés et relevés par l'enquête». En marge de cet atelier, l'Unrec a organisé deux réunions d'information sur deux projets majeurs, dont les rapports d'enquête sur les ALPC serviront de base de travail : le projet visant à soutenir l'équipe spéciale de lutte contre le terrorisme (CTITF) dans ses actions de lutte contre l'acquisition des armes légères et de petits calibres et leurs munitions par les combattants terroristes étrangers (CTE) et le projet «Sécurité physique et gestion des stocks (PSSM) au Sahel» en application de la résolution 2178 du Conseil de sécurité de l'ONU, adoptée en septembre 2014 et requérant «d'identifier les principales carences capacitaires des Etats membres». Il est à rappeler que face à l'expansion rapide des actes terroristes qui ne cessent d'attiser les flammes des conflits à travers le monde, l'ONU vient d'appeler à criminaliser les déplacements des terroristes étrangers. Elle a, par ailleurs, inclus dans toutes ses stratégies de lutte contre le terrorisme la nécessité d'analyser les conditions propices à la propagation de ce phénomène. Ainsi, Jeffrey Feltman, secrétaire général adjoint des Nations unies chargé des affaires politiques, a appelé à criminaliser les déplacements des combattants terroristes étrangers qui sont recrutés par les groupes terroristes, une menace à la paix et à la sécurité internationales. Ces deux projets, dont «les discussions ne viennent que de commencer» à Lomé, se poursuivent pour chercher les voies et moyens de trouver des réponses adéquates à ces problématiques. Daniel M. Lawson-Drackey Journaliste et président du Conseil pour le développement et l'éducation aux médias du Togo