Les Etats-Unis et la Russie sont tombés d'accord, dans la nuit de jeudi à vendredi derniers, sur une « cessation des hostilités » en Syrie dans un délai d'une semaine. La décision pourrait relancer le processus de paix et stopper l'exode de civils qui se massaient toujours à la frontière turque. A l'issue de cinq heures d'intenses négociations à Munich (Allemagne), les deux pays et leurs principaux alliés ont aussi décidé un accès accru et « immédiat » de l'aide humanitaire aux civils en détresse. « Nous avons convenu d'une cessation des hostilités dans tout le pays », a déclaré le chef de la diplomatie américaine, John Kerry, à l'issue de la réunion du Groupe international de soutien à la Syrie (ISSG). « Les résultats seront mesurés par ce qui se passera sur le terrain (...) pas sur les mots qui sont sur un bout de papier ce soir », a-t-il mis en garde. Son homologue russe, Sergueï Lavrov, a jugé que c'était au gouvernement et à l'opposition syrienne « de prendre les mesures nécessaires ». « Nous devrons probablement user de notre influence sur les parties », a-t-il dit. Défiance mutuelle Les Etats-Unis et la Russie vont piloter les « modalités » de mise en œuvre de cette cessation des hostilités, a précisé M. Lavrov, en notant que c'était le premier pas » vers un cessez-le-feu plus permanent. Les Occidentaux demandaient instamment l'arrêt de la campagne de raids aériens russes qui accompagnent, depuis dix jours, une vaste offensive de l'arméé syrienne contre les rebelles à Alep. L'arrêt des hostilités concernera toutes les parties au conflit à l'exception des « groupes terroristes Daech et Al-Nosra (Al-Qaïda) », ont précisé les ministres. « Nous avons aussi convenu d'accélérer et d'élargir la fourniture d'aide humanitaire dès à présent » à une série de villes assiégées, a ajouté John Kerry, en citant, entre autres, Deir Ezzor (est), où les forces loyalistes sont assiégées par le groupe Daech,. Un groupe de travail piloté par l'ONU devait se réunir dès hier à Genève pour mettre en œuvre ce volet humanitaire et fera des « compte-rendus hebdomadaires », a-t-il précisé. Les négociations intersyriennes, suspendues début février en raison d'une offensive de l'armée appuyée par l'aviation russe sur les rebelles, doivent, par ailleurs, « reprendre dès que possible », a dit M. Kerry. Ces négociations doivent avoir lieu « sans ultimatums et préconditions », a souligné Sergueï Lavrov. Moscou refuse, notamment, de faire du départ de Bachar al-Assad un préalable alors que les Occidentaux continuent d'affirmer qu'avec lui une solution durable en Syrie est impossible. L'opposition syrienne réclamait des signes concrets humanitaires et l'arrêt des bombardements avant de reprendre ces négociations reportées pour le moment au 25 février. L'accord de Munich est intervenu non sans mal sur fond de défiance mutuelle et de mise en garde contre une guerre mondiale. « Toutes les parties doivent être contraintes de s'asseoir à la table des négociations plutôt que de déclencher une nouvelle guerre mondiale », a averti le Premier ministre Dmitri Medvedev dans une interview au quotidien allemand Handelsblatt. A Bruxelles, le secrétaire américain à la Défense, Ashton Carter, a appelé la coalition anti-EI à redoubler d'efforts en Irak et en Syrie pour engranger rapidement « des gains tangibles ». L'Otan « explore la possibilité » de rejoindre la coalition, a-t-il ajouté.