Plus de 6734 logements sociaux construits par L'Office national de promotion et de gestion immobilière (OPGI) de Béjaïa appartiennent désormais à leurs bénéficiaires. Les formules de cession relancées par la loi de finances devraient, encore cette année, grossir le lot des unités définitivement acquises et passées sous le statut de la propriété privée. Le nombre, qui constitue 39% du parc immobilier créé par le promoteur public dans la wilaya (17 082 unités au total), est surtout la somme d'un certain intérêt pour l'acquisition exprimé par les citoyens dans les grandes agglomérations. Ainsi, et pour illustration, le taux particulier concernant la daïra de Béjaïa est de 59% alors qu'il demeure au degré zéro dans une circonscription rurale comme Beni Maouche. La tendance au niveau de l'OPGI, comme le démontre la journée portes ouvertes organisée, lundi dernier, à la Maison de la culture de Béjaïa, est à la sensibilisation des acquéreurs quant à la nécessité de prendre en charge la gestion des parties communes au niveau des immeubles. Soient ces cages d'escalier, vestibules, conduites d'eau et de gaz, gaines en maçonnerie... qui appartiennent à tout le monde et à personne à la fois. Cet aspect précis qui, de l'avis de nombreux citoyens, n'a jamais été réellement pris en charge par le promoteur public, même quand celui-ci était le seul propriétaire des lieux, malgré des charges payées par les locataires, apparaît comme l'un des ressorts essentiels de tout effort de reprise en main des unités de base du cadre urbain. Rien ne semble cependant indiquer que la problématique fait l'objet d'une approche d'ensemble. Les quelques citoyens qui ont pu faire un tour à la Maison de la culture, lundi dernier, ont pu ainsi découvrir que des textes de loi prévoient que « l'administration et la gestion d'un immeuble ou d'un ensemble immobilier sont assurées par la collectivité des copropriétaires qui est constituée en assemblée dotée de la personnalité civile ». Démission et manque de civisme Les suffrages de ladite assemblée élisent un administrateur d'immeuble, disposent encore les textes en indiquant qu' à défaut le président de l'APC territoriallement concerné est appelé à designer lui même le « syndic », diraient les juristes de l'OPGI. Ces règles, dont les références datent au moins de 20 ans, restent comme on le sait des mots couchés sur papier. Un responsable de l'OPGI de Béjaïa, interrogé sur le sujet, nous a confié ne pas connaître d'exemple de copropriétaires organisés, encore moins d'administrateur d'immeuble en soulignant que sur ce plan l'organisme qu'il représente n'est là que pour assurer une fonction d'orientation sur le sujet. Sur le terrain, il suffit sans doute de voir dans quel état se trouvent nos quartiers et nos cités pour se rendre compte que le problème dépasse le cadre de textes méconnus à vulgariser et d'initiatives à assumer. « Nous avons essayé, deux autres habitants de l'immeuble et moi même, d'organiser un tant soit peu les choses, du moins veiller à ce que notre cage d'escalier soit éclairée et les fuites des canalisations d'égouts réparées. Au bout de quelques semaines, j'ai dû me rendre à l'évidence que mes deux compagnons et moi prêchions dans le désert, et que chacun en fait s'occupait de son intérieur », se plaint un fonctionnaire qui habite la cité Sidi Ahmed. Des exemples de démission des habitants sont légion, en l'absence d'une démarche plus responsable et plus offensive des pouvoirs publics. « Plus que de vulgariser des textes, il s'agit peut-être de préconiser des démarches qui ne comptent pas seulement sur un hypothétique civisme des gens, mais aussi sur un aspect répression qui met les citoyens devant leurs responsabilités », estime encore le fonctionnaire déçu par ses voisins en ajoutant que les pouvoirs publics qui se permettent une opération de démolition des extensions illicites, aussi énergique que celle menée dernièrement à Béjaïa, peuvent bien outiller les services d'urbanisme pour dissuader les écarts dans les cités.