Dimanche dernier, le tribunal de Annaba a entendu Siab Rachid et Boudchiche Lyes, respectivement recteur de l'université d'El Tarf et professeur au département des sciences vétérinaires, dans une affaire de «diffamation» et «accusations mensongères» qui les oppose. Seulement, cette fois — et c'est rarement le cas à l'université — le recteur est l'accusé et l'enseignant la victime. L'enseignant a eu recours à la justice suite à une déclaration du chef de l'établissement universitaire faite à El Khabar le 17 novembre 2015 où il est accusé de «faux et usage de faux» et d'avoir «proféré des menaces à l'encontre d'étudiants». En fait, des griefs pour lesquels l'enseignant a été traduit à deux reprises devant la commission paritaire qui l'a disculpé et blanchi et où il n'est pas fait mention de «faux et usage de faux». M. Boudchiche a produit le PV de la commission paritaire signé par le recteur lui-même, mais qui a nié en bloc et à son tour accusé le journaliste d'El Khabar d'avoir inventé ces déclarations. «Mais alors pourquoi n'avoir pas réagi et démenti ?» a interrogé le juge. Le journaliste d'El Khabar, que nous avons contacté, a confirmé ce qui est rapporté dans son article et s'est dit prêt à témoigner le cas échéant. Boudchiche Lyes est en guerre avec l'administration. Il vient de passer une troisième fois, le 6 décembre, devant la commission paritaire qui, invoquant en outre la récidive, lui a infligé une rétrogradation du grade de maître de conférences A à maître de conférences B. Ce n'est certes pas une personne docile, qui a souvent fait preuve d'agissements blâmables, comme le rapportent le personnel ou les étudiants qui ont eu à s'en plaindre. Ce qui est condamnable, en revanche, ce sont les procédés de l'administration qui, au lieu d'appliquer strictement le règlement intérieur et de sanctionner des fautes au moment où elles se produisent quand c'est vraiment le cas, déclenche la procédure disciplinaire, plus pour régler son compte à un indiscipliné que pour sanctionner une faute. On cherche alors à gonfler le dossier avec des accusations réfutables sans difficulté. Verdict le 28 février.