Inexistant en Algérie, le charançon rouge est un ravageur extrêmement nuisible. Les pays voisins, comme la Tunisie, en font l'expérience depuis quelques années. Il s'attaque exclusivement aux palmiers. Chez nous, un plan d'action et de veille est d'ores et déjà mis en place. «Nous n'avons pas de crainte pour le moment quant à une propagation du charançon rouge en Algérie. Il s'agit d'un organisme de quarantaine non encore signalé en Algérie, mais présent dans les pays du bassin méditerranéen. D'ailleurs, pour éviter son introduction chez nous, la Direction de la protection des végétaux et du contrôle technique (DPVCT) a organisé le 9 février un atelier regroupant les inspecteurs phytosanitaires de plusieurs wilayas (Biskra, Ghardaïa, Ouargla, El Oued, El Tarf, Tébessa, Souk Ahras, Illizi, Adrar, Béchar, Tindouf, Naâma, Alger et Tlemcen) ainsi que les représentants de l'INPV, DGF, INRAA et l'ITDAS», affirme Dalila Basta, directrice à l'INPV (Institut national de la protection des végétaux). «L'objectif de cet atelier est de mettre en place un plan d'action, de veille et d'intervention contre le charançon rouge du palmier. Ce plan d'action est géré par un comité de veille national qui coordonne avec des comités régionaux regroupant tous les acteurs de la filière», explique-t-elle. L'insecte tropical au corps orange mesure quelques centimètres. Originaire d'Asie, il a voyagé jusqu'au Moyen-Orient et au nord de l'Afrique dans les années 1980-90, avant de rejoindre l'Europe via l'Espagne et l'Italie. Tunisie Le charançon rouge est un coléoptère très redoutable, car il occasionne le dépérissement total des palmiers. Aussi bien des palmiers dattiers que des palmiers d'ornement. Mais qu'est-ce qui favorise son installation dans la région ? A cette interrogation, Bouchra Boudaoud, chef de service du laboratoire d'entomologie à l'INPV, explique : «Sa propagation est due à plusieurs raisons, notamment l'absence de surveillance et/ou défaut de protection des palmiers. Parfois aussi, les blessures provoquées par exemple par la taille, un choc ou un pathogène (ramollissement des tissus), la transplantation, etc. Finalement, son installation paraît possible partout où il y a un climat doux en hiver même, avec des maxima annuels modestes», affirme-t-elle. Nos voisins tunisiens ont eu moins de chance, puisque la lutte contre le charançon rouge a démarré il y a plus de trois ans. Importante productrice de dattes, la Tunisie fait tout pour maîtriser la situation. Pour l'instant, l'insecte s'attaque aux palmiers d'ornement du Grand Tunis qui compte environ 30 000 pieds, selon le ministre de l'Agriculture, Saâd Seddik. Toutefois, les villes du Sud sont en alerte et un numéro vert a été mis en place pour que les habitants alertent les autorités. «L'expérience des pays voisins nous a appris qu'il fallait être vigilant par rapport à la circulation du palmier et que la surveillance devait se faire tout le temps sur le palmier d'ornement et le palmier dattier afin de détecter les premiers foyers du charançon rouge pour intervenir à temps !», assure Dalila Basta. Formation «Les actions à entreprendre dans le plan national s'articulent sur deux volets principaux : la surveillance basée sur le contrôle visuel et l'installation de pièges à phéromones pour détecter à temps la présence de ce coléoptère dans les zones à risque. Et l'intervention par les mesures à prendre en cas de signalisation d'un foyer de ce coléoptère», explique-t-elle. Ces actions sont appuyées par «des journées de sensibilisation et de formation au profit des IPW, IPF ; cadres SRPV, douanes, phoeniciculteurs et pépiniéristes potentiels aussi par la diffusion de supports écrits de vulgarisation et l'animation de spots médiatiques facilitant la reconnaissance de ce ravageur. Au terme de cet atelier, l'ensemble des intervenants a validé ce plan d'action qui sera mis en œuvre pendant la période printanière.» Dans le cadre de ces mesures préventives, le comité national devra mettre en place le «réseau de surveillance national» coordonné avec les comités régionaux de l'ouest, du sud et de l'est du pays. Le plan d'action repose tout d'abord sur la mise en place du réseau de surveillance au niveau des pépinières, les parcs d'ornement, les allées, les palmeraies du sud et les ports secs. Dans un autre registre, Bouchra Boudaoud affirme que la lutte n'en reste pas là et explique le procédé : «Le dispositif de piégeage (pièges à phéromones) sera installé au niveau des wilayas frontalières (L'Ouest, l'Est, le Sud et le Centre) ainsi que sur le contrôle visuel permanent du palmier. Aussi et surtout sur la sensibilisation et la formation de tous les acteurs concernés, par l'organisation de journées de vulgarisation et de formation des inspecteurs phytosanitaires des wilayas, des cadres des stations régionales de l'INPV , des inspecteurs phytosanitaires des frontières, des phoeniciculteurs, des pépiniéristes, des agents des APC, etc.» Par ailleurs, «des supports écrits ont été établis par l'INPV, notamment des dépliants et des affiches afin de sensibiliser au mieux !», ajoute-t-elle.