Comment prévenir l'impact des traitements sur la fertilité des enfants et adolescents atteints du cancer», tel a été le principal thème des débats lors d'une rencontre programmée mercredi dernier à l'Ecole nationale supérieure de biotechnologie (ENSB) de l'université Rabah Bitat (Constantine 3). Une manifestation organisée conjointement par l'association Waha d'aide aux malades du cancer et le Club scientifique de l'ENSB (BE Club) à l'occasion de la célébration de la Journée mondiale du cancer de l'enfant et de l'adolescent, qui coïncide avec le 15 février de chaque année. Les spécialistes s'accordent à dire que tous les traitements anticancer (chirurgie, radiothérapie ou chimiothérapie) sont invasifs pour l'organisme et notamment pour la fonction reproductive. Le professeur Dalila Naimi, enseignante à l'ENSB et spécialiste en immunologie, a décrit le cancer en tant que pathologie qui peut provoquer divers dysfonctionnements cellulaires affectant la fertilité des patients. Une présentation utile pour saisir les procédures de préservation de la fertilité. Travaillant en étroite collaboration avec l'association Waha, le docteur Benbouhadja (gynécologue) et le docteur Zoghmar (de la clinique Ibn Rochd de Constantine) ont présenté, lors de cette rencontre, une procédure de préservation de la fertilité. Une méthode qui existe déjà et est pratiquée en Algérie : la congélation des cellules reproductives féminines et masculines, qui consiste en la cryo-conservation des spermatozoïdes et des ovocytes. L'association Waha accueille les jeunes patients et leurs parents, leurs proposant un accompagnement psychologique, qui s'impose avant l'opération de conservation. Intervenant lors de cette rencontre, le Dr Othmani, spécialiste en médecine légale, a mis en exergue la nécessité de la recherche scientifique, mais toujours dans le cadre légal et éthique. Il a également mis l'accent sur l'importance de l'information dans ce genre de situation. L'intervention la plus attendue lors de cet important rendez-vous a été celle du Pr Messaoud Zitouni, chargé de l'élaboration et du suivi du Plan de lutte contre le cancer 2015/2019. Les huit axes stratégiques de ce programme présidentiel, dont le coût est estimé à 180 milliards de dinars, ont été présentés. Il s'agit d'intensifier la prévention contre les facteurs de risque, d'améliorer le dépistage de certains cancers, de perfectionner le diagnostic, de redynamiser le traitement, d'organiser l'orientation et le suivi du patient, de développer le système d'information et de communication sur les cancers, de renforcer la formation et la recherche sur les cancers et améliorer les capacités de financement de la prise en charge des cancers. Qu'en est-il sur le terrain ? Selon une enquête réalisée en 2002 par le Dr Hammouda d'Alger, portant sur l'incidence et la prévalence du cancer en Algérie, il y aurait 1267 enfants atteints de cette pathologie dans notre pays. Un cancer qui touche principalement le système hématopoïétique. Selon le Pr Zitouni, 85% des cancers chez l'enfant sont guérissables, à condition de réunir tous les moyens médicaux et pharmacologiques. Une condition qui laisse les associations de malades perplexes car sur les réseaux sociaux, en particulier sur les pages des associations qui prennent en charge les malades de cancer (cancer en Algérie, la condamnation), la pénurie des médicaments de chimiothérapie pour enfants est omniprésente. A titre d'exemple le Purinéthol, pour traiter les leucémies chez l'enfant, se fait rare. Questionné sur ce point, le Pr Zitouni a répondu que l'Etat en est conscient et que des moyens seront mis en place pour pallier à ce problème. Ilhem Chenafi