Les agriculteurs producteurs de pomme de terre de la wilaya de Bouira sont au bord de la faillite. Les prix de vente ont connu une chute vertigineuse et les conséquences sont catastrophiques. «Le prix de revient d'un kilo de pomme de terre, toutes charges confondues, est de 30 DA. Nous avons vendu notre production 10 DA seulement. Le dernier d'entre nous a perdu 500 millions de centimes», déplore Messaoud Boudehane, président de l'Association des producteurs de pomme de terre de Bouira. La nouvelle saison s'annonce donc difficile pour la plupart des agriculteurs. «Nous avons emprunté de l'argent pour lancer la campagne. Plusieurs producteurs ont tout bonnement abandonné la filière pomme de terre. Même le prix du fermage des terres agricoles a grimpé de 50 000 DA à plus de 80 000 DA pour un hectare», indique notre interlocuteur. La production a atteint un record durant l'arrière-saison, allant de juillet à janvier, estimé à 1,5 million de quintaux à Bouira. «La tutelle nous encourage à produire encore plus, mais il n'existe pas de feuille de route ni de mécanisme de régulation des prix», dit M. Boudehane. Mustapha Bouzini, président du Conseil régional interprofessionnel de la filière pomme de terre, abonde aussi dans ce sens : «Le Système de régulation des produits agricoles de large consommation (Syrpalac) a été gelé cette année. Le marché baigne dans l'anarchie. C'est le même cas pour ce qui est de la semence. Nous nous sommes entendus avec la tutelle pour fixer les importations de la semence à 120 000 tonnes. Malheureusement, l'importation continue. Il y en a plus de 200 000 tonnes sur le marché. La production locale de semence ira à la poubelle...» Les déboires des producteurs de pomme de terre ne se limitent pas là. Les lieux de stockage sont insuffisants. La wilaya de Bouira ne dispose que de 21 chambres froides de petite capacité de stockage. Les producteurs de la région interpellent le ministère de l'Agriculture, demandant à en finir avec le système des subventions. «Les subventions de l'Etat profitent à des personnes qui n'ont aucune relation avec l'agriculture. Ils encaissent l'argent sans produire le moindre kilo de pomme de terre. Tout ce que nous demandons c'est la régulation du marché et des ressources en eau à notre disposition», concluent les producteurs de pomme de terre de Bouira.