Rencontres n C'est aujourd'hui que s'ouvre aux Bois-des-Arcades (Riad El-Feth) la 2e édition du Festival international de gnaoui. Ce rendez-vous musical s'étalera jusqu'au 11 juillet. La programmation, axée autour de l'afro-gnawa jazz, comprend une participation nationale et internationale diversifiée – parmi les douze troupes qui animeront les soirées musicales du festival, cinq sont algériennes, les autres viennent du Maroc, du Cameroun, du Sénégal ou du Mali. Pour cette présente édition, le comité d'organisation – le commissaire du festival est Lakhdar Fellahi – se veut soucieux de proposer au public, notamment aux adeptes de cette musique authentiquement africaine et à l'essence spirituelle des sons authentiques, purs et typiques. En marge des concerts, sont prévues des projections de films documentaires dédiés à la musique gnaouie en particulier et aux musiques africaines en général à la salle Ibn Zeydoun (Riad El-Feth) – cette programmation marque un nouveau tournant pour le Festival international du gnaoui. Outre ces rencontres cinématographiques, le comité d'organisation a aussi programmé une exposition à la galerie Isma (Riad El-Feth) ; celle-ci, marquant l'évolution du festival, propose une trentaine d'œuvres, toutes issues d'un atelier qui a réuni trente jeunes talents. L'autre spécificité de ce festival, c'est l'organisation de master classes. Pour favoriser les transmissions des expériences musicales, tous les matins, et ce, jusqu'au 11 juillet, la salle Ibn Zeydoun accueillera les amateurs du gnaoui pour découvrir avec les artistes invités les secrets de cette musique séculaire. Le gnaoui, considéré aujourd'hui à juste titre comme un art à part entière, a fait son apparition, selon des sources historiques, à l'époque de la dynastie des Almohades, et ce, par la voie forcée de l'esclavage. Ces esclaves ramenés des régions subsahariennes (Mali, Niger ou Guinée) étaient tenus en marge de la société ; et cet isolement et notamment leur dure condition les amenaient, le soir, et après une dure journée de labeur, à se réunir entre eux pour se distraire. Ainsi, en se réunissant en cercle, ils organisaient des soirées où les sons d'instruments comme le guembri ou les karkabous égayaient leurs réunions et leur faisaient oublier leurs conditions. Dans leurs chants, ils invoquaient Allah et les différents saints auxquels se rattachaient leurs confréries, d'où le caractère mystique et religieux du gnaoui. Au départ, les adeptes du gnaoui étaient de race noire, porté par des ethnies africaines, puis il s'est étendu à la population autochtone (Berbères et Arabes) – le gnaoui commençait alors à se pratiquer par les Blancs. Cela a d'emblée favorisé le métissage et renforcé le rayonnement culturel et mystique du gnaoui. Aujourd'hui, le gnaoui est devenu un fait et un référent culturel que réclament et s'arrachent les scènes nationales et internationales.