Eparpillés entre des amas de matériels et d'équipements, dont des ateliers flexibles, des robots roulants, des fauteuils électriques pour handicapés moteurs, des étudiants s'affairent sur leurs ordinateurs pour trouver, chacun dans son domaine, des solutions ou des applications intelligentes qui facilitent le travail, ou même la vie des usagers de tous bords. Nous sommes dans le laboratoire des systèmes intelligents de l'USTO. Les solutions font intervenir ce qu'on appelle l'«intelligence artificielle» et non pas de simples automatismes programmés au préalable. Belazrag Kamel Eddine travaille sur la «robotique coopérative», qui consiste à faire en sorte que deux robots puissent coopérer entre eux. Il a réussi, dans un premier temps, à mettre en œuvre un procédé qui permet à deux robots de type voiture de respecter par eux-mêmes l'application de la priorité à droite dans une intersection. La maîtrise de cette étape lui permet de passer à un stade de coopération beaucoup plus vaste. «C'est par passion que je suis venu ici, car mon diplôme en poche, j'ai même travaillé une année dans une entreprise avant de me rendre compte que je ne peux m'accomplir qu'à travers la recherche», explique-t-il avec satisfaction devant la disponibilité du matériel qui ne demande qu'à être exploité pour l'utiliser au mieux. Diplômés en informatique industrielle, Merabti Mohamed et Messali Karima viennent juste de faire leur entrée dans ce laboratoire avec un projet qui consiste, dans le cadre de la préparation d'une thèse de mémoire, à travailler sur un robot mobile de type ED 72 73, auquel on demande d'exécuter des tâches, mais qui devra gérer par lui-même les obstacles rencontrés en cours de route. Cela fait quatre ans déjà que Mlle Bentabet est là pour faire aboutir son travail sur les interfaces cerveau-machine. «C'est, explique-t-elle, pour aider les personnes qui ont un lourd handicap moteur à s'intégrer dans leur environnement». Le principe consiste à relier le cerveau (grâce à un casque à électrodes) à un système automatisé qui va fonctionner en utilisant uniquement les activités cérébrales (signaux EEG). On demande à l'usager de focaliser son attention sur une icône affichée sur une matrice et représentant une tâche à accomplir (ouvrir une porte, décrocher le téléphone, commander le fauteuil pour aller à gauche ou à droite, etc.). Le signal (excitation du cerveau) est reconnu grâce à un logiciel qui renvoie le signal au mécanisme du dispositif auquel il est relié. Mohamed Amine est Master II. Il a échoué l'examen d'un module et, plutôt que de refaire ses cours, son professeur lui a demandé juste de faire fonctionner un robot de type Pioneer P3 DX avec un logiciel Ross spécialisé dans le contrôle des machines. Il faut le faire fonctionner avec le système d'exploitation Linux qui permet plus d'applications sur le robot que Windows. Sur un autre registre, Ouanzar Hakima est diplômée de robotique, mais elle travaille sur le diagnostic des roulements à billes et les moteurs asynchrones en général. «Mon travail consiste à trouver des défaillances sans que la chaîne de production de l'usine ou le moteur s'arrête», précise-t-elle. Pour cela, elle doit effectuer des mesures vibratoires et analyser des données complexes pour localiser les défauts. «J'ai toujours été intéressée par la technologie et la robotique en particulier, et c'est vrai que j'aurais aimé avoir un travail dans la robotique proprement dite, mais, se console-t-elle, c'est toujours le même domaine parce que les robots en général ont eux aussi des moteurs».