Le marché informel reste une plaie béante dans la capitale. La place des Martyrs a connu une journée exceptionnelle, hier. Le marché couvert de Zoudj Ayoune a été fermé et sera démantelé dans les prochains jours. Une présence policière inhabituelle a été constatée sur les lieux pour parer à tout imprévu. Jusqu'à midi, les agents de la wilaya effectuaient leur travail sans le moindre incident. Des centaines de commerçants assistaient à l'opération, dans le calme. Selon nos sources, les vendeurs exploitant ces locaux ont été informés, depuis quelques jours, de la décision de fermeture du marché pour sa réhabilitation. «Avant-hier (vendredi, ndlr), dernier jour d'exploitation de ce marché, tout a été cédé presque gratuitement par les commerçants qui voulaient récupérer leur argent. De nombreux citoyens ont fait de bonnes affaires», raconte un jeune vendeur. Si la résignation se lisait sur les visages des commerçants, d'autres contenaient difficilement leur indignation, d'autant que des rumeurs circulaient sur une éventuelle fermeture prolongée et un assainissement des listes des bénéficiaires des locaux commerciaux. A cela, il faut ajouter qu'à ce marché réglementaire, construit en zinc sous forme d'un énorme bidonville, se greffent des étals anarchiques et des vendeurs à la sauvette. Le tout formait un immense bazar occupant jusqu'à la voie automobile et rendant la circulation quasi impossible. Les commerçants ne pouvaient s'opposer à la décision de son réaménagement, mais étaient toutefois nombreux à invoquer l'argument social pour exprimer leur désarroi. «Je travaille ici depuis des années, c'est mon gagne-pain, que vais-je faire maintenant ?», nous dira un père de famille. En fait, selon nos interlocuteurs rencontrés sur les lieux, la fermeture va durer au moins quatre mois. Mais l'on craint que cela ne s'avère de la poudre aux yeux. Cela d'autant que le projet de construction d'un nouveau marché était au programme de l'APC, mais sans qu'il soit concrétisé faute d'assiette foncière. «La révision et l'actualisation des listes des bénéficiaires sont une bonne chose, mais à condition de ne pas le délocaliser ni le rétrécir pour y implanter d'autres projets. Zoudj Ayoune a toujours été un lieu commercial. Espérons qu'on ne va pas tout chambouler avec l'ouverture prochaine de la station de métro», indique un autre jeune vendeur. Par ailleurs, aux commerçants réguliers qui risquent le chômage pendant quelques mois s'ajoutent les «trabendistes» qui étaient, eux aussi, inquiets. Cela bien que de l'autre côté de la rue, un autre marché anarchique s'étalant sur plusieurs ruelles est formé, dans sa grande majorité, d'étals informels. Cet autre point noir n'a pas été touché par cette opération, il n'empêche qu'il ne pouvait contenir tout le monde, la moindre parcelle étant trop cher exploitée ou louée.