La Ville Lumière renoue avec les envoûtantes soirées des cabarets orientaux qui l'ont enchantée depuis les années quarante jusqu'aux années quatre-vingts. Du 2 au 12 mars, en effet, le Cabaret Sauvage organise son nouveau spectacle musical «Cabaret Tam Tam». Sur l'idée originale de Méziane Azaïche, directeur du Cabaret Sauvage, la troupe musicale de Barbès Café va remonter sur scène pour offrir à son public parisien une nouvelle performance artistique, grandiose à tous les niveaux. Dirigé sur le plan musical par Nasredine Dalil, Cabaret Tam Tam sera un condensé de styles musicaux maghrébins, traditionnels et modernes. Mieux encore, le spectacle mis en scène par Azaïche et Géraldine Benichou mêle rire et émotion, chants et danse orientale, contes graves et anecdotes savoureuses. Et ce n'est pas tout ! Ecrit par Sylvain Bolle-Reddat, le spectacle est construit sur un fonds historique véridique. Au-delà de son offre purement artistique, Cabaret Tam Tam raconte – à travers de belles photographies, souvent inédites et la narration de ses comédiens – les succès des cabaret orientaux. C'était la grande époque de l'«exotisme» oriental qui faisait rêver la France, ou du moins le Grand Paris. L'engouement pour ces lieux de divertissement, enchantant les longues nuits blanches parisiennes, s'expliquait en grande partie par la richesse culturelle et la générosité maghrébines. Parmi ces lieux, qui savaient marier l'art culinaire aux spectacles musicaux, on retrouvera El Dazaïr, propriété du compositeur Mohamed Iguerbouchen, ou encore La Casbah qui accueillera les grands noms de la chanson populaire algérienne et maghrébine en général. Mais celui qui marquera les esprits et l'histoire culturelle française reste, sans doute, le cabaret Tam Tam qui a ouvert ses portes en 1949, en plein Quartier Latin à Paris. Ce nom renvoie tout simplement à l'acronyme des trois principaux pays du Maghreb : Tunisie-Algérie-Maroc. Son patron n'est autre que Mohamed Ftouki, père de Warda El Djazaïria. Cette dernière a commencé ses premiers pas de diva sur les planches du Tam Tam. En plus de leur contribution évidente au rayonnement culturel de la France pendant plusieurs décennies, les cabarets orientaux, ou plutôt maghrébins, furent aussi des lieux chargés d'histoire commune franco-maghrébine. Ils étaient au cœur des plus importantes séquences historiques. Ils passent ainsi d'un enjeu de propagande lors de l'occupation allemande dans les années quarante, à un théâtre d'intriques et d'affrontements lors de la guerre d'Algérie ; et puis deviennent des lieux de mémoire collective pour l'immigration magrébine de masse durant les Trente Glorieuses. Le nouveau spectacle Cabaret Tam Tam, qui se veut féerique, ambitionne de reproduire fidèlement les performances artistiques et les numéros proposés par les cabarets originaux. En voilà un voyage dans le temps qui vaut vraiment le détour !