La tension s'est cristallisée autour du conflit en Syrie où l'Iran et le Hezbollah soutiennent le régime de Bachar Al Assad qui est combattu par une kyrielle de groupes extrémistes appuyés par les monarchies du Golfe. Voilà une décision qui risque d'exacerber profondément la crise qui sévit au Moyen-Orient. Le Conseil de coopération du Golfe (CCG) — qui regroupe l'Arabie Saoudite, Bahreïn, le Qatar, les Emirats arabes unis, Oman et le Koweït — a déclaré, hier, organisation «terroriste» le mouvement chiite libanais Hezbollah. Abdellatif Zayani, secrétaire général du Conseil, a expliqué la décision par «la poursuite des actions hostiles des milices (du Hezbollah), qui recrutent les jeunes (du Golfe) pour perpétrer des actes terroristes». Cette mesure intervient à un moment de forte tension entre d'une part les monarchies sunnites du Golfe et d'autre part l'Iran et le Hezbollah libanais. La tension s'est notamment cristallisée autour du conflit en Syrie où l'Iran et le Hezbollah soutiennent le régime de Bachar Al Assad qui est combattu par une kyrielle de groupes extrémistes appuyés par les monarchies du Golfe. Il y a aussi le Yémen où les deux parties s'affrontent. «Les exactions de la milice du Hezbollah dans les pays du CCG et ses actes terroristes et d'incitation en Syrie, au Yémen et en Irak (...) sont une menace pour la sécurité nationale arabe», a souligné M. Zayani dans son communiqué. En conséquence, a ajouté le secrétaire général du CCG, «les pays du CCG ont décidé de considérer la milice (du Hezbollah) comme une organisation terroriste». «Des mesures appropriées seront prises pour mettre en œuvre cette décision, conformément aux règlements sur la lutte antiterroriste en vigueur dans les Etats du CCG et aux lois internationales», a-t-il conclu. Ce bras de fer entre les monarchies du Golfe et l'Iran a déjà eu des conséquences au Liban. L'Arabie Saoudite a demandé à ses ressortissants de quitter le Liban et déconseillé les voyages dans ce pays. Elle a suspendu le programme d'équipement de l'armée nationale libanaise (de 3 milliards de dollars). Riyad a également imposé des sanctions à des sociétés et des hommes d'affaires jugés proches du Hezbollah. Ces gestes interviennent dans un contexte libanais extrêmement fragile. Le pays est paralysé depuis près de deux ans par une grave crise politique avec, d'un côté, le Hezbollah et ses alliés et, de l'autre, un camp politique soutenu par l'Arabie Saoudite. Le chef du Hezbollah, Hassan Nasrallah, a indiqué mardi que l'Arabie Saoudite ne devrait pas punir collectivement le peuple libanais au seul motif qu'elle a des divergences de vues politiques avec son mouvement. Malgré la pression que le royaume exerce sur le gouvernement libanais, le Hezbollah a fait savoir qu'il n'envisageait pas de compromis avec l'Arabie Saoudite. Le parti chiite tient davantage à sa «dignité» qu'à l'aide saoudienne, quel que soit le coût, expliquent des responsables du Hezbollah, cités par le quotidien local As-Safir dans son édition de mardi, estimant que «la décision de Riyad s'explique par sa colère vis-à-vis des derniers développements dans la région». Comprendre par là la défaite annoncée du CCG en Syrie.