Face au recul du nombre de morts depuis le lancement du cessez-le-feu, l'émissaire onusien chargé de la Syrie a annoncé hier que des progrès de la trêve ont été enregistrés, mais le succès de cette dernière n'est toujours pas garanti. Staffan de Mistura, l'émissaire de l'ONU pour la Syrie, a estimé hier que le succès de la trêve n'était pas «garanti», mais que des progrès étaient «visibles» avant la tenue dans la journée d'une réunion du groupe de travail sur la cessation des hostilités. «La situation sur le terrain pourrait être résumée comme étant fragile. Le succès (de la cessation des hostilités, ndlr) n'est pas garanti, mais des progrès sont visibles. Demandez aux Syriens», a déclaré Staffan de Mistura aux médias, à l'issue d'une rencontre du groupe de travail (task force) sur l'aide humanitaire. «Le niveau de violence dans le pays a été fortement réduit. De façon générale, la cessation (des hostilités) tient», a-t-il dit. «Malheureusement, nous devons admettre comme dans toute cessation des hostilités ou cessez-le-feu, et en particulier dans ce cas, il y a toujours un nombre d'endroits où les combats se poursuivent, y compris dans des zones de Hama, Homs, Lattaquié et Damas», a-t-il ajouté. M. de Mistura a toutefois souligné que ces combats restaient «contenus» et a annoncé que le groupe de travail sur la cessation des hostilités se réunirait une nouvelle fois dans l'après-midi. La dernière réunion de cette «task force» avait été convoquée lundi, sur demande du ministre français des Affaires étrangères, Jean-Marc Ayrault. Les discussions intersyriennes destinées à rétablir la paix en Syrie doivent reprendre le 9 mars à Genève. Elles auraient dû recommencer le 7 mars, mais elles ont été repoussées de deux jours en raison du manque de chambres dans les hôtels, complets à cause du Salon de l'automobile de Genève, a précisé M. de Mistura. Il a également indiqué que «l'aide humanitaire et la cessation des hostilités étaient extrêmement importantes», mais qu'«elles ne sont pas des conditions préalables» au processus politique. Un premier round de négociations intersyriennes début février à Genève avait tourné court en raison de l'intensification des bombardements russes en Syrie. Depuis, un accord sur une cessation des hostilités a été négocié et conclu par les Etats-Unis et la Russie, avec le soutien de l'ONU. Cette trêve, qui a débuté dans la nuit du 4 au 5 février, intervient cinq ans après le déclenchement d'une guerre qui a fait plus de 270 000 morts et des millions de déplacés et de réfugiés. Jan Egeland, principal conseiller de M. de Mistura, a indiqué jeudi que l'ONU espérait acheminer de l'aide humanitaire dans la région de Kafr Batna (périphérie rurale de Damas), y compris dans 3 ou 4 zones assiégées de cette région. Violations Au total, plus de 4 millions de personnes vivent dans des zones difficiles d'accès en Syrie, et un demi-million dans des zones assiégées. Pour leur part, le président français François Hollande et le Premier ministre britannique David Cameron ont demandé hier à la Russie et au régime syrien de cesser «immédiatement les attaques» contre l'opposition modérée en Syrie, selon un texte de conclusions signé lors d'un sommet franco-britannique à Amiens. La France et le Royaume-Uni «demandent à la Russie et au régime syrien de mettre fin immédiatement aux attaques contre les groupes de l'opposition modérée» et de cesser les violations qui «compromettent les perspectives de paix» et «menacent d'aggraver de manière dramatique la crise des réfugiés», affirme ce texte. Par ailleurs, selon l'Observatoire syrien des droits de l'homme (OSDH), le nombre de morts parmi les civils a considérablement baissé en Syrie depuis l'entrée en vigueur, samedi dernier, du cessez-le-feu entre le gouvernement syrien et l'opposition initié par Washington et Moscou. La cessation des hostilités était globalement respectée, les belligérants s'accusant mutuellement de violations ponctuelles. Cependant, selon la porte-parole du ministère russe des Affaires étrangères, Maria Zakharova, plus de 30 violations de cessez-le-feu ont été recensées au cours des trois derniers jours en Syrie. «31 violations du cessez-le-feu ont été enregistrées. Le groupe américain pour la réconciliation basé à Amman, capitale de la Jordanie, a été informé de ces faits.» En cinq jours, 24 civils ont péri, dont cinq femmes et six enfants. La moyenne quotidienne en février était de 38 civils tués, et vendredi, veille de l'arrêt des hostilités, 63 civils ont perdu la vie, selon l'OSDH. La cessation des hostilités en Syrie ne concerne pas le groupe terroriste autoproclamé «Etat islamique» et le Front al-Nosra, (branche syrienne d'Al Qaîda). La trêve concerne seulement les zones de combat entre les forces du gouvernement syrien, appuyées par l'aviation russe et des rebelles syriens.