L'état-major russe était formel. « L'armée de l'air russe a totalement arrêté ses bombardements dans la zone verte, c'est-à-dire dans les zones où se trouvent les groupes armés qui nous avaient soumis une demande de cessez-le-feu », a déclaré à la presse un haut responsable. Le Conseil de sécurité de l'ONU avait mis, la veille, tout son poids derrière cet accord en adoptant, à l'unanimité, une résolution appelant les parties concernées à respecter la trêve entrée en vigueur à 00h locale. C'est « un jour et une nuit exceptionnels pour les Syriens », a affirmé le médiateur, l'envoyé spécial de l'ONU sur la Syrie, Staffan de Mistura. Une nouvelle réunion de la task force devait se tenir, hier à Genève, pour évaluer comment a été respecté le cessez-le-feu dont sont exclus Daech et le Front al-Nosra, la branche syrienne d'Al-Qaïda. Si le cessez-le-feu tient et l'aide humanitaire continue d'être acheminée dans les zones assiégées, de Mistura compte convoquer une nouvelle session de pourparlers de paix intersyriens le 7 mars prochain à Genève après l'échec des précédentes discussions. C'est la première fois que la Syrie connaît un cessez-le-feu de cette ampleur, alors que la guerre dévastant le pays depuis près de cinq ans a causé plus de 270.000 morts, déplacé plus de la moitié de la population et déstabilisé le Moyen-Orient et l'Europe avec son lot de réfugiés. Accrochages intermittents Les initiateurs de l'accord étaient sceptiques quant au respect de la trêve. Aucun raid aérien n'était pourtant signalé contre les régions rebelles qui étaient, depuis fin septembre 2015, la cible des frappes de l'aviation russe. Aux abords de la capitale, une quiétude inhabituelle régnait et aucune colonne de fumée ne s'élevait de fiefs rebelles comme Jobar et la Ghouta orientale, contrairement aux jours précédents. Dans la ville d'Alep, des habitants ont affirmé que si la trêve se poursuivait, ils iraient au parc avec leurs enfants, un « plaisir » depuis longtemps oublié. « Je me sens plus en sécurité, c'est très calme. Je souhaite ne pas être réveillé demain par le son des avions », a déclaré, juste après l'entrée en vigueur du cessez-le-feu, Mohamad Nohad, un jeune marié habitant le quartier al-Kalassé. A Jobar, quartier périphérique de Damas, Abdel Rahmane Issa, un soldat de 24 ans, mobilisé depuis plus de trois ans, était ravi. « Je ne peux pas cacher que je suis heureux que la guerre s'arrête même pour quelques minutes. Et si cela continue, on pourra rentrer chez nous ». Dans les régions où se trouvent Daech et le Front al-Nosra, quelques accrochages intermittents ont eu lieu hier, selon l'OSDH. Dans le nord de la province de Lattaquié et près d'Alep, des échanges de tirs ont opposé soldats et groupes terroristes. A Tall Abyad (nord), des combats opposaient forces kurdes et éléments de Daech . En outre, une voiture piégée a explosé à l'entrée est de Salamiyé, dans la province de Hama, tuant deux soldats, selon l'OSDH. La trêve censée favoriser un règlement politique de la guerre ouvre-t-elle la voie à une relance sérieuse du processus de négociations ?
