Depuis un an, la coalition arabe menée par l'Arabie Saoudite est entrée en guerre au Yémen sans atteindre pour autant ses objectifs. Dans la nuit du 25 au 26 mars 2015, Riyad, à la tête d'une coalition de dix pays, lançait une opération militaire aérienne au Yémen contre les rebelles houthistes, minorité zaydite d'obédience chiite, avec pour objectif de chasser les Houthis de la capitale, Sanaa, qu'ils occupent militairement depuis septembre 2014 pour prendre Aden, la principale ville du Sud et de rétablir le pouvoir du président Abd Rabbo Mansour Hadi. Sur le plan régional, l'offensive vise à contrer l'influence de l'Iran. Depuis 2004, les Houthis mènent la guerre au pouvoir central de Sanaa. Jusqu'à 2010, six guerres ont eu lieu entre les deux belligérants. Le président de l'époque, Abdallah Saleh, les justifie par le fait que les Houthis veulent rétablir l'imamat aux dépens de la République. Le Qatar propose ses bons offices pour trouver une issue au conflit. Cependant, la médiation de 2007 suivie d'un traité en février 2008 n'a pas empêché la reprise des combats en avril de la même année. De son côté, Riyad intervient militairement en novembre 2009 à Saada, bastion des Houthis situé à ses frontières. En août 2010, un autre traité est signé à Doha entre le gouvernement et les insurgés. Après le départ de Abdallah Salah du pouvoir, ils poursuivent leurs hostilités avec les nouvelles autorités de Sanaa avec le soutien des partisans de ce dernier. Reviviscence de l'ex-président Bénéficiant de l'immunité, ce dernier demeure une des parties importantes de la crise que traverse le Yémen. Dans son intervention, fin décembre 2015, devant des membres de son parti, le Congrès populaire général (CPG), Saleh a refusé de participer au dialogue interyéménite pour arrêter la guerre civile. «Nous ne participerons pas au futur dialogue si la guerre ne s'arrête pas», a déclaré l'ex-Président. Et de poursuivre : «Si la guerre s'arrête, nous aurons des discussions avec l'Arabie Saoudite et non avec les délégués des fuyards», allusion faite au président Rabo exilé à Riyad. A ses yeux, «la bataille n'a pas encore commencé» ; elle «commencera» si le gouvernement et la coalition sous commandement saoudien qui le soutient «ne choisissent pas le chemin de la paix». L'ancien chef de l'Etat a proposé de «coopérer» pour convaincre les Houthis d'accepter de négocier directement avec les Saoudiens, qualifiés jusqu'ici d'«agresseurs» par les rebelles. En mai, Abdallah Saleh a déclaré avoir «refusé des millions de dollars» de l'Arabie Saoudite s'il se retournait contre les Houthis. Le 7 novembre, à l'initiative des Etats-Unis, le Conseil de sécurité de l'ONU a pris des sanctions contre l'ex-président Ali Abdallah Saleh et deux chefs houthis pour avoir provoqué l'instabilité du pays. Dans une lettre adressée au Conseil de sécurité, Washington a accusé l'ex-président Saleh d'«aller au-delà de la simple tentative de semer le chaos à travers le Yémen» en utilisant les Houthis non seulement pour «décrédibiliser le gouvernement, mais aussi pour créer un climat d'instabilité propice à un coup d'Etat».