Certes, les prix affichés ne contentent pas tout le monde, mais dans l'ensemble, les fruits et légumes, qui ont enregistré une impressionnante majoration durant les trois premiers jours, se sont vite dégonflés pour revenir à leur niveau d'avant le Ramadhan. La seule exception concerne la pomme de terre qui, jour après jour, continue de bomber le torse avec un tarif ayant atteint ce week-end 45 da. Pratiquement incontournable chez les ménagères, la cherté de ce produit est durement ressentie par les citoyens. Depuis septembre dernier, ce tubercule comestible descend rarement des 40 DA/kilo. Les autres légumes indispensables à la ménagère se monnaient entre 30 et 40 DA pour la carotte, plus de 50 pour la courgette et moins de 20 pour les oignons. Les herbes comme le persil et la coriandre ne descendent qu'en cas de nécessité, en dessous de 20 DA la petite botte. A plusieurs reprises, nous avons entendu des acheteurs grommeler qu'ils préfèrent une chorba sans herbe plutôt que de payer un tel prix. Pour ce qui est de la viande, si beaucoup se rabattent sur les produits congelés importés, il n'en demeure pas moins que pour avoir un bon morceau, il faut débourser 420 DA/kilo, un prix qui encourage certains à sacrifier quelques dinars de plus pour s'acheter un morceau de viande locale fraîche. La consolation, comme toujours, vient de la sardine, poisson adulé autant pour son prix généralement modéré que pour ses apports nutritifs appréciables. Quant aux espèces nobles, il est préférable de s'avancer prudemment vers le revendeur, dont la réponse à la demande du prix assomme généralement comme un coup de massue sur la tête. Côté fruits, la situation est relativement reluisante, surtout avec la disponibilité de produits locaux succulents. Le raisin, dont le prix dépasse rarement les 70 DA, fait la joie de beaucoup de ménages, de même qu'avec la pomme locale, dont les prix sont généralement accessibles, avec moins de 80 DA. Les bananes importées dépassent elles aussi rarement 100 DA pour un kilo. C'est en somme un Ramadhan normal. Autre exception tout de même pour les fruits cette fois-ci, les dattes. Généralement très prisées durant le Ramadhan, les dattes, dont la meilleure qualité atteint 300 DA le kilo, ne sont plus bonnes qu'à regarder avec des yeux envieux ! Pour les petites bourses, des dattes de moindre qualité sont cédées entre 120 et 160 DA/kilo. Quant au pouvoir d'achat du citoyen, c'est une toute autre question. La victoire de l'informel En dépit des vagues d'opérations qui ont concerné les marchés informels qui ceinturent le marché central de la ville de Jijel, la situation reprend souvent son état initial, après seulement une accalmie de quelques semaines, voire quelques jours seulement. Depuis quelques jours, les services de police ont entamé une autre opération pour « éradiquer » cette plaie mal supportée par les commerçants légaux qui voient leurs devantures inondées, rendant leur boutique pratiquement inaccessible aux clients ! Un commerçant a d'ailleurs failli être agressé par des « commerçants de trottoirs », après qu'il les eut sommés d'enlever leurs « boutiques » installées devant son magasin. C'est, nous dit-on après la plainte de ce commerçant, que cette énième opération a été déclenchée. Le problème qui se pose aujourd'hui est de savoir combien durera son application dans le temps ? Car, il faut le reconnaître, le commerce informel semble s'être durablement imposé dans certains lieux, à l'exemple de la rue attenante à la mosquée Mohamed Taher Sahli, en plein centre-ville et où les fidèles sont astreints d'écouter les sonneries les plus variées tout au long de la journée. Même lors de la prière du vendredi, le bal ne s'arrête pas. Après le f'tour, un petit tour, le long de la rue Dekhli Mokhtar et de certaines rues perpendiculaires, aux abords du marché central, vous fait découvrir un état des lieux des plus lamentables avec la multitude d'immondices laissées à même le sol. Et c'est aux services communaux de nettoyer ces rues « privatisées » par des commerçants qui ne contribuent avec aucun dinar dans la gestion de la cité. L'échec répétitif des opérations contre les commerces informels sonnent comme un aveu d'impuissance des pouvoirs publics contraints de montrer quelquefois les biceps, le temps que la ténacité de l'informel ne reprenne ses « droits » au grand dam des commerçant légaux et des habitants de ces quartiers « infestés ». Une chose est sûre, cette guéguerre est faite pour durer.