Le compromis auquel sont arrivés le gouvernement, la centrale syndicale et le patronat dans les négociations concernant la convention-cadre pour le secteur économique privé est vraisemblablement bien fragile. Le communiqué de la Tripartie qui s'est tenue le 30 septembre dernier indique de manière lapidaire qu'" Après avoir enregistré avec satisfaction la formalisation de l'accord cadre portant sur la convention collective ainsi que l'accord salarial conclus entre l'UGTA et les organisations patronales dans le secteur économique privé, la tripartite veillera à l'exécution de ces accords pour garantir la consolidation de la cohésion sociale des travailleurs dans ce secteur d'activité conformément à la législation du travail en vigueur ". Les représentants de six organisations patronales à savoir la CAP, CNPA, CGEA, CIPA, SEVE, UNEP ont participé à la tripartite. Sans dénier à ces organisations leur poids non négligeable qui les a conduit d'ailleurs à devenir un acteur incontournable dans la sphère économique, il n'en demeure pas moins qu'elles sont loin de représenter entièrement le patronat privé. Il n'est donc pas sûr que les résultats de la tripartite soient du goût de certains patrons qui n'ont pas été consulté sur cette question. La faisabilité de la convention collective cadre dépend, donc, de la capacité des pouvoirs publics à veiller à ce que celle-ci soit scrupuleusement appliquée par les patrons qu'ils soient membres ou non des organisations patronales qui ont pris part à la Tripartite. Cette mission sera dévolue à l'inspection du travail. Le ministre du travail et de la sécurité sociale, Tayeb Louh a souligné à l'issue de la dernière tripartite que ladite convention avait force de loi. Rien ne dit toutefois que les patrons, tous les patrons du secteur privé vont se soumettre aux dispositions de cette loi. Cela s'est vérifié dans d'autres cas de figure. La réglementation enjoint bien aux chefs d'entreprises de déclarer à la sécurité sociale tous leur salariés et pourtant le taux de travailleurs non affiliés dans le secteur privé a atteint des proportions préoccupantes. Le principe d'une augmentation des salaires allant de 10 à 20% reste donc tributaire du bon vouloir des patrons. Ces derniers devront rencontrer les représentants syndicaux de leurs entreprises respectives pour négocier encore une fois sur cette question. M.M'rakech, président de la Confédération algérienne du patronat (CAP) se veut rassurant à ce propos. " Les dispositions de la convention collective cadre concerne tout le secteur privé sans exception " a-t-il assuré. En somme, les quelques 1,2 millions de salariés qui exercent dans ce secteur devraient tous bénéficier de ces mesures. " Chaque fédération va rencontrer le partenaire social. Ils vont travailler conjointement sur les catégories d'emploi les classifications de chacun " a souligné M.M'rakech tout en précisant que ces négociations commenceront au plus tard la fin de ce mois-ci. La revalorisation des salaires semble cependant être restée en travers de la gorge des patrons. Ces derniers avaient conditionné une telle concession par une baisse des charges fiscales et sociales. Le gouvernement a en partie accédé à ces revendications sans que cela se répercute sur les salaires dans le secteur privé. Pour M.M'rakech, une revalorisation des salaires n'est pas la solution idoine. " Nous sommes pour une amélioration du pouvoir d'achat mais il faut aussi au préalable améliorer la production et la productivité " a-t-il avancé.