En plus d'une grève importante dans les transports publics, plusieurs dizaines de rassemblements et de manifestations ont été organisés, à Paris et dans les grandes villes de province, pour demander le retrait d'un projet de loi sur la réforme du code de travail. Cette contestation a été initiée par les principaux syndicats ouvriers, estudiantins et lycéens. Malgré les conditions météorologiques difficiles, des milliers de personnes ont répondu à cet appel de mobilisation, soutenu par des formations politiques de gauche, y compris parmi celles de la majorité parlementaire. Sur fond de crise économique et l'augmentation incessante du chômage, atteignant un record historique de plus de cinq millions de chômeurs dans l'ensemble du territoire français métropolitain et d'outre-mer, le gouvernement ne cesse de concentrer ses efforts sur des orientations libérales pour essayer de relancer la croissance et venir à bout du chômage. Cette situation sociale difficile pour la majorité des Français, qui s'aggrave depuis pratiquement quatre ans, a créé une tension dans les rangs de la gauche et au sein même du Parti socialiste (PS), qui chapeaute la majorité présidentielle. La majeure partie des militants de la gauche traditionnelle et des syndicats ne comprend pas l'insistance du gouvernement de Manuel Valls sur des choix économiques pro-patronat malgré l'absence de résultats visibles pour l'instant. Après la baisse des charges, l'augmentation de l'âge de la retraite, le travail dominical et les différents cadeaux fiscaux, la loi Travail – rebaptisée loi El Khomri du nom de Myriam El Khomri, ministre du Travail – est perçue par les couches sociales moyennes et les plus défavorisées comme la goutte d'eau qui fait déborder le vase. Ce projet de loi controversé prône plus de souplesse dans les contrats d'embauche et permet aux patrons de licencier plus facilement. C'est une manière, selon les porteurs du texte, de faciliter le recrutement et encourager les entreprises à créer plus de postes d'emplois. Or, plus d'un million de personnes – qui ont signé une pétition en ligne – et au moins 68% des jeunes Français (sondage Ifop) considère la loi El Khomri comme une remise en cause des acquis sociaux. Les opposants à cette loi dénoncent une volonté de généraliser la précarisation de l'emploi. Parmi les points critiqués on retrouve l'«abaissement du salaire sans raison économique», l'abandon du principe de 35 heures de travail hebdomadaire pour aller vers des semaines de plus de 40 heures, passer d'une journée de travail de 8 heures à des journées de 12 heures, etc. Sur le plan judiciaire, ladite loi voudrait plafonner les indemnités dans les cas de licenciements abusifs, ce qui permettrait aux patrons de faire leurs calculs et donc de licencier beaucoup plus facilement sans raison valable.