Malgré la disponibilité des richesses naturelles, sa proximité avec la mer et la frontière Est, la wilaya d'El Tarf n'a, à ce jour, entamé aucune action tendant à relancer son économie. L'inauguration dans les prochains jours de sa chambre de commerce "El Morjane" ne risque pas de changer grand-chose à la situation. La bureaucratie ambiante toujours de mise, la corruption généralisée dans la majorité des structures de l'état et l'indifférence des élus locaux et nationaux, ont entraîné la raréfaction des investisseurs y compris ceux étrangers. Ces quatre dernières années, le chômage n'a pas cessé d'augmenter pour atteindre un niveau jamais égalé depuis l'indépendance. La dégradation économique s'est accentuée avec l'éclatement de l'affaire dite " du wali de El Tarf". Depuis, une ambiance de morosité économique et sociale s'est installée dans cette région frontalière avec la Tunisie. Rappelons que ce commis de l'état est suspecté de nombreuses et différentes anomalies dans la gestion de la wilaya. Il s'agit notamment de passation de marchés contraire à la réglementation, abus de biens sociaux et trafic d'influence, M Djilali Arrar le wali fait actuellement l'objet d'une instruction judiciaire par le tribunal de Annaba. Il serait également à l'origine de la création de nombreux goulots d'étranglement, tensions et spéculations foncières. Le constat est sévère. Les atouts touristiques, la vocation agropastorale, la flottille de pêche, les lacs, les sablières et les unités de transformation agroalimentaires dont dispose El Tarf, n'ont plus la côte. S'ils ne sont pas entre les mains de quelques barons du pouvoir local ou des élus, ces atouts et moyens de production sont abandonnés ou fermés pour cause de faillite. "A l'heure où toutes les régions du pays effectuent un recentrage pour mieux relancer leur machine économique, à El Tarf, on est toujours dans l'attentisme. C'est comme si notre région ne fait pas partie de l'Algérie. Initialement intéressés à investir, des opérateurs économiques nationaux et étrangers dont des koweïtiens, émiratis et italiens ont préféré prospecter d'autres régions du pays. L'absence d'un wali ayant pouvoir de décider n'arrange pas les choses" se désole Abdelhamid N. un cadre de la wilaya. Après le scandale des sablières, des réalisations fictives de logement et des terrains agricoles détournés, c'est au tour du dossier du laboratoire Saïdal Solufarm de faire l'objet de toutes les discussions des populations. Ce laboratoire résultat d'un partenariat entre Saïdal, (Entreprise Publique Economique) et Solufarm (Privé), est un producteur de médicaments de formes sèche, pâteuse et injectable. Il a réussi à s'imposer partout à travers différentes régions du pays. Il s'est récemment distingué en fabriquant en Algérie le Dentfluor. De par son prix excessivement cher, ce médicament est destiné à prévenir les maladies cardiaques des enfants générées par les caries dentaires. Il était jusqu'à avril 2006, exclusivement réservé au riche. Il ne l'est plus car Solufarm a lancé sa production en quantité en Algérie. Dans le cadre d'un programme nationale de prévention, tous les établissements scolaires de 36 wilayas du pays en ont été approvisionnés. C'est donc pour étendre ses activités tendant à réduire la facture à l'importation de certains médicaments, que Solufarm a projeté réaliser une unité de production à Sidi Kaci (El Tarf). Outre la satisfaction de plusieurs régions de l'Est du pays, cette unité devait permettre la création de quelques 150 postes de travail directs et des recettes fiscales appréciables pour la commune. Après avoir lancé les travaux, ce laboratoire a été informé par les services compétents de la wilaya de l'annulation de la décision d'attribution du terrain qui lui a été attribué pour la réalisation de son projet. "Pour retard dans le lancement des travaux" lui a t-on précisé au titre d'argument de la décision. Or, sur le terrain, les travaux de réalisation avaient été depuis longtemps lancés. Ils étaient bien avancés même. Sous l'impulsion du wali Arrar Djillali, ce procédé est devenu coutumier. La menace de l'annulation de la décision d'attribution du terrain vise à amener l'attributaire du terrain à une "meilleure compréhension" des aspirations, autre que le développement économique de la wilaya, des décideurs locaux. "Je n'ai rien compris à cette situation. Ce terrain totalement nu et sans viabilisation m'a été attribué en pleine période hivernale. Je ne pouvais donc pas lancer immédiatement les travaux. Nous l'avons fait quelques semaines à peine après en engageant plusieurs dizaines de millions de dinars. Je comprends par contre pourquoi il n'y a pas tellement d'investisseurs dans cette wilaya. Mon projet et important au plan économique et social", avoue Dr Faouzi Benmachiche président du conseil d'administration de Saïdal Solufarm. Sur toute l'étendue de cette wilaya, l'économie est figée. Contrairement aux précédentes années, les touristes ne se son pas bousculés à El Kala ville très fréquentée en période estivale. Exception faite de la réfection des routes de wilaya et des travaux de réalisation du barrage Mexa, rien ne bouge. La mer très poissonneuse n'est pas fréquentée par les sardiniers et les chalutiers. Elle est le royaume des trafiquants et contrebandiers du corail. Le pillage de ce produit de la mer est quotidien sans qu'aucune action ne soit engagée pour y mettre un terme. Le secteur de l'habit n'est pas mieux loti. Des projets de construction de logements datant de 2001, ne sont toujours pas lancés tout autant que ceux relatifs aux équipements publics.