Les magistrats instructeurs près la cour de justice de Annaba poursuivent leurs investigations dans l'affaire dite du wali de El Tarf. Des directeurs, des fournisseurs et des investisseurs ont confirmé leurs déclarations faites à la Gendarmerie nationale durant l'enquête préliminaire. Des faits matérialisés sur le terrain par l'absence de tout développement socioéconomique de la wilaya. Malgré la disponibilité d'un riche potentiel naturel, El Tarf, avec plus de 300 000 habitants, figure dans le lot des régions les plus pauvres d'Algérie. Les 6,20 milliards de dinars dégagés par le président de la République, lors de sa visite en 2003, n'ont pas eu d'impact sur la relance économique. Tête de liste des régions productrices de tomate industrielle et du concentré de tomates, El Tarf ne produit plus ce type de spéculation. Des milliers d'hectares sont livrés à la jachère. Des 4 unités de transformation, une seule est encore en production. Quelques étables en ruine à Zerizer, sont les témoins de ce que furent les deux plus importants complexes laitiers d'Algérie. La mauvaise gestion est à l'origine de la dégradation des équipements et de la disparition du cheptel composé de vaches américaines et hollandaises. Connue pour ses produits de la mer en qualité et en quantité, la côte calloise n'offre plus que ruine et désolation. Le programme initié par le gouvernement pour le développement de la pêche n'a pas été mis en application. Constitués en coopérative, les jeunes pêcheurs ont été privés de l'enveloppe financière de 90 millions de dinars que l'Etat a mis à leur disposition pour l'acquisition des barques. Dans le secteur de l'éducation, plus de 50% des établissements réalisés de 2002 à 2005 nécessitent des travaux de consolidation où carrément à être repris. Murs et plafonds fissurés caractérisent ces établissements, dont le CEM de Roum El Souk. Un mois à peine après avoir ouvert ses portes, ce CEM a été fermé pour risques d'effondrement des plafonds des salles de classe. Réalisés en bitume courant 2003, les routes et chemins reliant les chefs-lieu de commune aux localités, se sont dégradés, conséquence de la non-conformité des travaux. Ils avaient coûté 600 millions de dinars. Dans le secteur de l'habitat, plus d'un millier de logements sociaux seulement ont été réalisés sur un programme de 12 000 unités dévolu à la wilaya. Région touristique et minière par excellence, la wilaya de El Tarf n'a pas intéressé les investisseurs. La bureaucratie érigée en loi a découragé toutes les bonnes volontés. La Sarl Sablière Righia est le parfait exemple de la tendance des décideurs locaux à freiner des investissements. L'agrément d'exploitation délivré en 2001 par le ministère des Mines et de l'Energie ne leur a pas suffi pour entrer en production 5 années après l'implantation de leur unité. Toutes les lois, les décrets et les documents officiels seront foulés aux pieds par les services de la wilaya de El Tarf. Dont la lettre n°852/SG transmise au wali le 3 juin 2002 par le ministère de l'Aménagement du territoire et de l'Environnement. Elle enjoignait au premier magistrat de la wilaya d'accorder l'autorisation d'exploitation de la sablière. Autant que pour les sablières de la Messida et Echat, celle de Righia faisait l'objet depuis des années d'un pillage systématique commis par 2 élus, dont un ancien sénateur. Ils avaient cru qu'ils étaient au bout de leur peine lorsque le wali a accordé à un des gérants de la Sarl Righia une « aide » de 10 millions de dinars. Aussitôt cette aide versée sous forme de bons de caisse BNA, en quinze jours, toutes les directions de wilaya donneront leur accord pour l'exploitation de la sablière. Une dizaine de jours après, elle fera l'objet d'une décision de fermeture pour une prétendue une non-conformité. Tous ces faits ont enrichi le dossier sous instruction depuis le 10 juin. Dossier également enrichi par les copies des bons de caisse BNA et de la copie de la lettre adressée le 8 juin 2006 à Djillali Arrare. Signée et cachetée par Mohamed Drissi un des deux exploitants, celle-ci interpelle M. Arrare en sa qualité de wali et souligne la volonté de son auteur de faire part du problème aux autorités compétentes.