La catastrophe avait, on s'en souvient, causé la mort de plus de 3500 personnes, de nombreux blessés et des milliers de sans-abri. Si le centre-ville a pu être reconstruit, grâce en partie aux propriétaires des lieux, les 18 000 logements en préfabriqué érigés à la périphérie de l'ancien tissu urbain,pour une durée déterminée, demeurent toujours présents. Les habitants se plaignent en permanence de la dégradation continue de ces ensembles, sources de multiples désagréments et maladies pulmonaires et de la peau, dont l'asthme et les allergies. L'éradication de ce type de construction figurait, faut-il le rappeler, dans le programme d'urgence mis en place par les autorités de l'époque, mais le dossier a fini par être abandonné, voire jeté aux oubliettes, par les gouvernements successifs, malgré les engagements de leurs dirigeants en place depuis 1981. Le pouvoir actuel a, quant à lui, fait montre d'un intérêt particulier pour la question en décidant d'un ensemble de solutions pour éradiquer progressivement ces stigmates d'un passé douloureux. Cependant, pour l'heure, seul le remplacement des constructions scolaires en préfabriqué a pu être lancé concrètement et l'on prévoit d'achever totalement l'opération en 2008, laquelle concerne 217 établissements, tous paliers confondus, dont le gros est implanté dans les communes de Chlef et Chettia. En revanche, pour ce qui est du remplacement des logements du même type, les dispositions prises dans ce cadre n'ont toujours pas été appliquées sur le terrain, même si les autorités concernées avaient annoncé dernièrement la finalisation du dossier y afférent. Celui-ci prévoit deux options pour un problème identique, à savoir la réalisation de 6300 logements pour les locataires et l'octroi de crédits à 2% pour les propriétaires aux fins de réhabilitation de leur demeure. Les premiers occupent, à leurs yeux, des biens appartenant à l'OPGI et les seconds en disposent comme des propriétés à part entière, qu'ils avaient, pourtant, acquis à près de 5 et 6 millions de centimes, compte tenu de leur caractère provisoire. Les solutions retenues par les pouvoirs publics ne semblent donc pas faire l'unanimité au sein de la population locale. La plupart des familles concernées souhaitent rester sur les lieux et bénéficier d'une aide financière pour remplacer leur habitation. Or, l'annonce récemment de la signature d'un accord entre la CNEP et la wilaya pour le financement d'une telle opération, à travers des crédits, dont une partie des intérêts serait prise en charge par l'Etat, a été particulièrement ressentie comme un mépris et un désengagement du gouvernement par ceux qu'ils qualifient de propriétaires. « Pourquoi s'obstine-t-on à faire la différence entre les sinistrés d'une même catastrophe ? Compte tenu de nos conditions sociales, nous n'avons pas la capacité de rembourser des prêts plafonnés à 200 millions de centimes et remboursables sur 30 ans », nous ont indiqué des citoyens rencontrés ces derniers jours. D'autres dénoncent la légèreté avec laquelle les responsables concernés tentent de remédier à un problème aussi complexe et sensible à la fois. « Nous n'avons pas été consultés ni associés à la prise de ces décisions. Autrement, nous aurions proposé les solutions adéquates à même de garantir un règlement définitif et efficace de ce grand point noir », affirment des pères de famille, déçus par la tournure prise par les événements. Entêtement des autorités Même son de cloche chez les locataires qui réitèrent leur refus de quitter leur habitation pour une question d'espace et d'éclatement de la famille. Certains d'entre eux s'interrogent sur l'entêtement des autorités à construire de nouvelles habitations pour leur relogement, alors qu'ils ont toujours réclamé l'achat de leurs biens, au même titre que les autres sinistrés. D'après eux, les dossiers introduits dans ce sens auprès des services concernés, depuis plusieurs années, sont toujours bloqués en violation de la réglementation en vigueur. Dans les deux cas, les citoyens concernés ne veulent pas changer de place et désirent disposer des moyens financiers nécessaires, comme une aide à la reconstruction, pour pouvoir démolir leurs baraques. Ils n'acceptent pas d'être déracinés après avoir passé 25 ans dans leur environnement habituel. Le député indépendant, Meddah Arraibi abonde dans le même sens, dans une correspondance adressée hier au ministre de l'Habitat et de l'Urbanisme. D'après lui, l'Etat doit aider les sinistrés de cette catastrophe naturelle en leur accordant une aide financière à hauteur de 70% et le reste sous forme de crédit sans intérêt, sur 25 ans, pour reconstruire ou remettre en état leur toit. « En maintenant ces derniers sur leurs lieux habituels, avec l'intervention souhaitée, le gouvernement aura tout à gagner, notamment en termes de disponibilité de réseaux d'électricté, d'eau potable, d'assainissement et de gaz naturel », a-t-il déclaré. Pour sa part, l'APW de Chlef, dans un rapport remis aux ministres de l'Intérieur, des Finances et celui de l'Habitat, lors de la réunion qu'ils avaient tenue à ce propos en mars 2005, avait « suggéré que le remplacement de ces constructions soit opéré à travers de nouvelles constructions individuelles ou au moins de type semi-collectif R+ 1 ». A travers ce qui précède, l'on peut aisément conclure que l'éradication de cette grande plaie n'est pas pour demain.