Le crédit à la consommation ne suscite pas encore l'intérêt. La formule «magique» dont le gouvernement, le patronat et l'Union générale des travailleurs algériens (UGTA) ont fait la promotion tarde à convaincre les producteurs et les consommateurs. Lancé officiellement en janvier dernier après une longue hésitation des autorités, le crédit à la consommation est «noyé» entre une demande encore timide et des banques qui n'en font pas, pour le moment, une priorité. Une virée dans plusieurs agences bancaires de la capitale permet d'avoir un aperçu sur l'avancement de ce concept présenté comme le sauveur de l'économie nationale. Les demandes de renseignements sur cette formule tant vantée par le gouvernement et encouragée par l'UGTA pour booster la consommation du produit «made in Algeria» ne sont portées que sur le crédit véhicule. «Nous recevons énormément de demandes de renseignements et de détails sur les modalités de l'acquisition de la Renault Symbol, mais nous sommes désolés de répéter la même réponse. Toutes les banques ne fournissent pas l'accès au crédit à la consommation. Nous n'avons reçu aucune instruction de notre hiérarchie», précise le chargé de crédit dans une agence de la Banque nationale d'Algérie (BNA) d'Alger-Centre. La même réponse est produite par le représentant d'Arab Bank qui explique que bien que la Banque d'Algérie ait donné son autorisation à l'ensemble des banques pour ouvrir ce segment (crédit à la consommation), les modalités de l'octroi et l'offre de ce produit bancaire ne sont pas encore proposées par tous ces établissements financiers. «Chaque banque ayant sa propre politique d'investissement et ses centres d'intérêt», explique-t-on au niveau d'une agence Arab Bank, à Alger. A la Caisse nationale d'épargne et de prévoyance (CNEP), on nous explique que la formule sera lancée très prochainement. «Probablement à la fin de ce mois», explique un employé du service crédit aux personnes venues se renseigner sur les modalités d'acquisition du véhicule algérien, qui reste ainsi le seul produit qui semble intéresser ces «demandeurs de renseignements». Seules donc deux banques privées, à savoir BNP Paribas El Djazaïr et Société Générale Algérie, offrent la possibilité de contracter un crédit à la consommation. Pour ces deux établissements financiers, des guichets sont mis en place au niveau des points de vente du constructeur. «Une fois sur place, l'intéressé est accompagné dans le processus de l'octroi du crédit, de sa simulation jusqu'à la signature du contrat», explique-t-on au niveau d'une agence BNP Paribas. Les producteurs aux abonnés absents A la lenteur de la procédure du lancement de cette formule de crédit au niveau des banques s'ajoute l'absence de l'offre de produits. Ainsi, mis à part les produits Condor (électroménager, informatique et électronique…), aucun show-room de produits locaux ou montés ne présente ce genre d'offre. Au niveau des magasins de Condor de la capitale, il est possible de retirer des factures proforma. Ce document est à présenter par les clients intéressés au niveau des deux banques, qui offrent pour le moment cette formule, avant de contracter le crédit. «Nous n'avons encore vu aucune demande d'achat validée. Les gens demandent la facture, regardent les prix et partent… La formule n'est pas encore bien lancée», précise un responsable d'un magasin Condor. En plus des véhicules, les cycles et motocycles, la liste des produits éligibles au crédit à la consommation est étendue aux produits électroménagers, les ordinateurs, les téléphones et les smartphones, les meubles et les tissus d'ameublement ainsi que les tapis, les matériaux de construction et la céramique. Les commerçants spécialisés dans ces créneaux évoquent l'aspect informel d'une grande partie de la production. «Une partie de ma clientèle se dit intéressée par certains produits d'ameublement, de l'installation des cuisines équipées fabriquées localement, mais le fait que les fournisseurs ne disposent pas des documents attestant la traçabilité des produis et la situation vis-à-vis du fisc empêche ce genre de transaction», explique le gérant d'un grand magasin de meubles installé dans la périphérie est d'Alger. Sur ce registre, Amar Takdjout, secrétaire général de la Fédération textile et cuir à l'UGTA, souligne que bien que des conventions officielles aient été signées entre plusieurs ministères et les banques, un travail de sensibilisation doit être mené avec les entreprises pour les inciter à se mettre à jour concernant cette formule. «Même si tous les blocages seront levés au niveau de toutes les banques, le résultat ne sera pas reluisant si, en contrepartie, les entreprises ne proposent pas leurs produits. C'est aux producteurs de mener également campagne pour booster leurs ventes», explique notre interlocuteur. A rappeler que le crédit à la consommation, suspendu en 2009, a été réinstauré par la loi de finances 2015. Il est destiné exclusivement aux produits fabriqués ou assemblés localement. Selon les textes législatifs, ce prêt est assorti d'un taux d'intérêt non bonifié (près de 9% pour le véhicule Renault par exemple). Les revenus de l'emprunteur devront assurer le remboursement du crédit durant les délais fixés par le décret exécutif relatif au crédit à la consommation, dont la durée est supérieure à 3 mois et n'excédant pas les 60 mois.