Les excédents de l'offre pétrolière devraient se rétrécir en 2016 sous l'effet de la baisse de la production hors OPEP. Ce à quoi ont abouti les prévisionnistes de l'Agence internationale de l'énergie (AIE), dont les conclusions de son rapport mensuel ont été rendues publiques hier. Deux prévisions-clés dominent le rapport: La production hors OPEP devrait baisser de 750 000 barils par jour cette année, essentiellement aux Etats-Unis, contre une estimation précédente de 600 000 barils par jour (bj), un recul qui serait contrebalancé par le retour de l'Iran sur le marché, ce qui entretiendrait le surplus d'offre qui plombe les cours. Quoi qu'il en soit, la baisse de la production laisse entrevoir une accalmie sur le marché vers la seconde moitié de l'année en cours, tant les excédents devraient se réduire fortement, pouvant atteindre 0,2 millions de barils par jour. Selon les prévisions de l'AIE -les plus optimistes depuis plusieurs mois- le retour progressif de l'Iran sur le marché ne changera pas foncièrement la donne, au moins au premier semestre. Le surplus d'offre devrait atteindre 1,9 million de barils par jour au premier trimestre et 1,5 mbj au deuxième. Il faudra attendre la seconde moitié de l'année pour que l'écart entre l'offre et la demande se réduise fortement, jusqu'à 0,2 mbj. Ainsi, l'AIE s'attend à un début de rééquilibrage vers le second semestre de l'année, dû essentiellement à un recul attendu de la production du pétrole dans les pays non membres de l'OPEP et principalement aux Etats-Unis d'Amérique. La production américaine baisserait cette année de 530 000 bj. Plus globalement, la production mondiale n'a que légèrement reculé en février. La baisse, partagée entre les pays de l'OPEP et hors OPEP, est estimée à 180 000 bj pour atteindre 96,5 millions de barils par jour. Selon l'AIE, le retour à l'équilibre devrait se confirmer en 2017 malgré le retour de l'Iran sur le marché. Cependant, la remontée des prix du brut observée ces dernières semaines, et portée par les espoirs d'un accord international sur la production pour rééquilibrer le marché, «ne doit pas être considérée comme un signe définitif que le pire et forcément passé», nuance l'AIE, même si «des éléments montrent que les prix pourraient avoir atteint un point bas». L'AIE a nuancé également l'impact du retour de l'Iran sur le marché, annonçant sur une hausse de 300 000 bj des exportations iraniennes depuis le début de l'année, un chiffre «plus modeste que celui de 400 000 bj annoncés par Téhéran», début mars. «Le retour de l'Iran sur le marché a été moins important que ce que les Iraniens avaient annoncé. En février, nous estimons que la production a augmenté de 220 000 bj et, provisoirement, il apparaît que le retour de l'Iran sera progressif», a précisé l'AIE dans son rapport de février, le premier mois complet où l'Iran ne subit plus les sanctions internationales, levées mi-janvier. Téhéran avait annoncé à ce moment-là vouloir augmenter immédiatement sa production de 500 000 bj. Et début mars, le ministre iranien du Pétrole, Bijan Namadar Zanganeh, avait indiqué que les exportations de son pays avaient augmenté de 400 000 bj pendant le mois iranien de Bahman (21 janvier-19 février), pour atteindre 1,75 mbj. Même si l'AIE réitère sa prévision d'un rééquilibrage du marché en 2017, balayant l'éventualité d'un quelconque impact du retour iranien, le résultat de la prochaine réunion entre les pays de l'OPEP et hors OPEP est la variable qui compte le plus dans le calcul des futures tendances du marché. En tout cas, l'incertitude concernant la tenue de cette réunion, prévue initialement fin mars, afin de stabiliser le marché, reprenaient du poil de la bête, hier, en raison de la réticence de l'Iran à y participer. Les marchés ont aussitôt retrouvé leur état de déprime dans le sillage d'informations selon lesquelles la réunion, prévue à Moscou, avait été annulée en raison du refus apparent de l'Iran de geler sa production avant que celle-ci ne soit revenue à ses niveaux pré-sanctions d'environ 4 millions de barils par jour, commentait Michael Hewson, analyste chez CMC Markets. L'affaiblissement du dollar était presque le seul facteur qui entretenait, hier, journée de clôture hebdomadaire des marchés, les prix autour de 40 dollars le baril.