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Une place de choix
La femme dans l'œuvre de l'écrivain Mouloud Feraoun
Publié dans El Watan le 16 - 03 - 2016

Des propos soutenus par la fille de Mouloud Feraoun, Fazia, lors d'une conférence qu'elle a animée, lundi, à la bibliothèque multimédia Jeunesse de la rue Didouche Mourad, à Alger
, dans le cadre du programme hebdomadaire, l'Etablissement arts et culture de la wilaya d'Alger. La sociologue Fazia Feraoun a choisi comme angle d'attaque «La femme dans l'œuvre de l'écrivain Mouloud Feraoun». Elle est revenue dans sa remarquable intervention sur la position de Mouloud Feraoun sur la place de la femme dans la société, dans son œuvre ainsi que dans sa vie familiale. D'emblée, Fazia Feraoun précise que l'ouvrage intitulé Mouloud ou l'émergence d'une littérature, de Robert Elbaz et de Martine Mathieu Job, paru en 2001, doit être aujourd'hui un ouvrage de référence scientifique pour tout étudiant ou chercheur voulant travailler sur Mouloud Feraoun.
Ces auteurs reprennent toutes les lectures faites depuis l'indépendance jusqu'à aujourd'hui sur le regretté écrivain. Ils estiment que ce sont des lectures réductrices et que Feraoun est le premier écrivain ayant eu un projet d'écriture programmatrice, donnant la parole aux Algériens. Pour avoir été la fille de Mouloud Feraoun, Fazia estime que son père avait la même attitude dans la vie et dans ses écrits sur la femme. Elle rappelle que Mouloud Feraoun avait quatre filles et trois garçons. Il accordait autant d'importance aux filles qu'aux garçons. «Fouroulou, dit-elle, était pour l'égalité entre les filles et les garçons. On peut même dire qu'il avait une préférence pour sa fille aînée qui était très proche de lui. Elle le suivait partout. Il l'a même emmenée avec lui en voyage à Paris lorsqu'elle a eu son brevet.
Ce qui n'était pas naturel à l'époque. Le grand-père, d'ailleurs, n'était pas d'accord parce que c'était une fille». Mouloud Feraoun était pour la scolarisation et l'émancipation des filles. En 1938, quand il se marie, il donne des cours à sa femme, alors qu'elle a l'âge de ses grands élèves. Par la suite, il va la former consciemment. Il va lui lire tous les grands auteurs : façon singulière de la faire bénéficier de ce grand bonheur qu'il avait eu de connaître lui-même les grands classiques.
A l'époque, il n'y avait pas d'école de filles au village. Les filles allaient chez les sœurs. Quand la fille de Feraoun a atteint l'âge de huit ans, il décide de la scolariser avec les garçons. Son père se fâche et ne lui parle plus. Par la suite, la petite fille est envoyée chez une tante à Alger pour passer son examen d'entrée au collège. Une fois revenue au village, il l'inscrit à des cours par correspondance. Mouloud Feraoun apprend lui-même le latin pour aider sa fille à faire ses devoirs. En 1952, il ouvre le cours complémentaire de Fort National en introduisant une section de filles. Sa fille est alors dans sa classe. Mouloud avait un profond respect pour les femmes. Il les considérait à leur juste valeur. Il avait une attitude très moderne vis-à-vis de la femme. Preuve en est, il associait son épouse à tout ce qu'il faisait.
«A l'époque, rappelle Fazia Feraoun, les hommes et les femmes vivaient dans deux sociétés séparées. Imaginez la révolution que cela peut créer que de vouloir se mettre à égalité avec sa femme, de la mettre au courant et de l'associer à tout ce qu'il faisait. Cela choque d'ailleurs ses parents qui font tout ce qu'ils peuvent pour lui mettre les bâtons dans les roues. Quand son père a voulu lui ramener une autre femme après la naissance de sa quatrième fille, il n'était pas d'accord.
Il cherche une solution. Il en discute avec sa femme. Il propose dans un premier temps d'émigrer en France. Ensuite il trouve le courage de s'insurger contre ses parents».
Mme Feraoun partageait ainsi toutes les activités de son époux. En tant que femme d'instituteur, elle ne sortait pas mais recevait chez elle les femmes du village. Mouloud Feraoun associait même sa femme à sa vie littéraire. Il lui lisait tout ce qu'il écrivait. Elle était, pour ainsi dire, sa conseillère.
Pendant la période trouble de la fin de la guerre de libération, Mouloud Feraoun a même voulu apprendre à sa femme à conduire, au cas échéant pour pouvoir se sauver avec les enfants s'il lui arrivait un malheur. La conférencière note que c'était une chose étonnante et remarquable. «Il avait à cette époque-là un garçon de 18 ans, mais il confiait la voiture à sa femme qui, rappelons-le, ne sortait pas. Elle était une femme traditionnelle.
Quand il a été assassiné au Château Royal (Ben Aknoun) le 15 mars 1962, la voiture est restée immobilisée. Quand le chauffeur du rectorat a voulu récupérer la voiture, il a hésité à rentrer dedans de peur qu'elle n'explose. C'est ma mère qui a pris le volant. Elle a fait démarrer la voiture. Elle a fait une petite marche arrière et a ramené la voiture jusqu'au portail. Là, le chauffeur a repris le volant et a ramené la voiture à la maison». Si Mouloud Feraoun avait une grande considération pour la femme dans vie quotidienne, cette approche est perceptible dans ses nombreuses œuvres, notamment dans Le fils du pauvre, La terre et le sang, Les chemins qui montent et Jours de Kabylie.
A travers ses romans, l'écrivain rend à la femme sa place en lui donnant la parole. Il fait une description objective de la communauté féminine. Il présente les femmes comme des personnes attachantes, dignes d'intérêt. «Mouloud Feraoun rend aux femmes leur dignité. Il donne la parole aux femmes qui subissent une double domination par les hommes et par la colonisation. Il nous montre la vraie place de la femme dans la société, loin des images valorisantes de l'épouse, de mère et du rôle traditionnel assigné par nature à la femme», ajoute la conférencière.
En guise de conclusion, Fazia Feraoun a soutenu que Mouloud Feraoun dénonce dans ses œuvres la discrimination faite à l'égard des femmes. «Il a une position bien affirmée pour l'égalité entre les hommes et les femmes, pour la scolarisation et l'émancipation de la femme.
Il défend la liberté de la femme. Il s'inscrit pleinement dans le combat des femmes pour leur place dans la société».


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