L'alerte antiterroriste a aussitôt été relevée à son niveau maximal dans le pays. Ces attaques interviennent quatre jours après la capture de Salah Abdeslam, l'un des auteurs présumés des attentats de Paris qui avaient fait 130 morts le 13 novembre 2015. Evoquant très vite une possible piste «terroriste», le parquet fédéral belge a parlé de trois explosions qui ont touché, pour deux d'entre elles, l'aéroport de Bruxelles-Zaventem et, pour la troisième, la station de métro de Maelbeek, dans le quartier des institutions européennes. Les soupçons du parquet fédéral belge se sont avérés fondés, puisque quelques heures après le drame, l'organisation terroriste autoproclamée Etat islamique (EI) a revendiqué ces attentats. «Des combattants de l'Etat islamique ont perpétré une série d'attentats, avec des ceintures d'explosifs et des bombes, mardi (hier ndlr), visant un aéroport et une station de métro du centre de la capitale belge Bruxelles», a écrit l'organisation terroriste dans un communiqué répercuté par l'agence Aamaq qui lui est affiliée. Métro éventré et sièges déchiquetés Les premières explosions ont été entendues à l'aéroport international de Bruxelles, vers 7h GMT. Le procureur de Bruxelles, Frédéric Van Leeuw, estime que l'une des deux premières explosions a été «probablement provoquée par un kamikaze». Selon les pompiers, les deux premières explosions ont fait 14 morts et 96 blessés. D'après le gouverneur de la province du Brabant Flamand, Lodewijk De Witte, «trois bombes avaient été introduites» dans l'aéroport, mais l'une d'elles «n'a pas explosé». Une demi-heure plus tard, une autre explosion, très forte, a été entendue à la station de métro Maelbeek. Elle a provoqué «probablement une vingtaine de décès» et 106 blessés, selon le maire de Bruxelles, Yvan Mayeur. Une photo diffusée par la chaîne publique RTBF montrait une rame de métro éventrée, des sièges déchiquetés, et des parois calcinées, à la station frappée en pleine heure de pointe. Le porte-parole des pompiers bruxellois a indiqué que «la déflagration a été telle qu'elle a provoqué l'écroulement de trois murs d'un parking souterrain attenant à la station de métro». «Il y a beaucoup de nationalités» parmi les blessés», a déclaré le maire de la ville, ajoutant que l'identification des victimes allait «prendre du temps» en raison de la situation «chaotique». Panique et scènes de chaos Devant la panique qui s'en est suivie, le centre de crise du ministère de l'Intérieur belge a demandé vers 10h30 à la population bruxelloise de cesser de circuler. En outre, tous les transports publics ont été fermés. De son côté, la Commission européenne a appelé ses employés à rester chez eux ou dans leurs bureaux. La crainte de nouveaux attentats a amené de nombreux pays européens à renforcer leur sécurité. Des mesures de vigilance ont été, par exemple, relevées aux aéroports de Paris, Londres (Gatwick), Francfort, Moscou ainsi que dans les aéroports néerlandais et à la frontière sud des Pays-Bas. Londres a «déconseillé», par ailleurs, à ses ressortissants de se rendre à Bruxelles «sauf raison impérative», a annoncé Downing Street hier. Une première en Europe. Les 28 pays de l'UE et les dirigeants des institutions européennes, dans un rare communiqué commun, ont dénoncé cette attaque contre, disent-ils, «notre société ouverte et démocratique». Le Premier ministre belge, Charles Michel, a indiqué pour sa part que son pays «redoutait un attentat et c'est arrivé» qualifiant ces attentats d'«aveugles, violents et lâches». Il a en outre évoqué «un moment noir pour ce pays». Le gouvernement belge a décrété un deuil national de trois jours. Sur le terrain, l'enquête diligentée par les services de sécurité belges semble avancer à grands pas. La police belge a retrouvé une ceinture d'explosifs intacte et un fusil d'assaut kalachnikov près du corps d'un assaillant à l'aéroport. Une image des «suspects» des attentats de l'aéroport de Bruxelles-Zaventem, captée par une caméra de vidéosurveillance, a par ailleurs été diffusée par les autorités belges. Celle-ci montre trois hommes poussant des chariots à bagages. Deux ont fait sauter leurs charges explosives, créant le chaos dans l'aéroport Zaventem. Le troisième suspect aurait réussi à s'enfuir. Une opération de recherche de grande ampleur était d'ailleurs en cours hier soir dans un quartier schaerbeekois. Plusieurs véhicules de police, des voitures béliers, des ambulances et des pompiers y étaient déployés. L'homme avec un chapeau et un manteau blanc capté par la vidéo diffusée par la police aurait trouvé refuge dans le quartier. Comment décrypter maintenant ces attentats en série ? Hasni Abidi, spécialiste du Monde arabe et directeur du Centre d'études et de recherche sur le Monde arabe et méditerranéen (Cermam 1) à Genève, a estimé dans un message publié sur son mur facebook que «les attentats de Bruxelles répondent à une arrestation d'un terroriste et portent un message : l'EI est désormais une réalité européenne».