Les sanctions infligées à des enseignants harcelés et blâmés arbitrairement par la direction du centre universitaire de Tamanrasset vont être enfin levées. Le tribunal administratif de la wilaya a débouté, le 15 mars, le centre universitaire dans l'affaire qui l'oppose aux 54 professeurs ayant pris part à un mouvement de grève pour exprimer leur ras-le-bol face à la dégradation de leurs conditions socioprofessionnelles. L'ex-directeur de cette structure, qui devrait agir dans le sens de la prise en charge des revendications formulées, n'a fait qu'enfoncer le clou en notifiant des avertissements à 30 enseignants et des blâmes à 22 autres, avant de procéder à des ponctions de 6 à 8 jours sur les salaires des grévistes. Ces derniers ont enfin eu gain de cause à travers l'annulation de toutes les décisions prises par l'administration du centre universitaire en vue «de souiller l'image et la réputation des chercheurs universitaires. Le nouveau directeur du centre, installé en octobre 2015, a certainement hérité d'une situation catastrophique eu égard au climat délétère caractérisant les relations professionnelles dans cet établissement de l'enseignement supérieur, mais il se trouve obligé de rétablir tous les enseignants concernés dans leur droit», a-t-on exigé, en rappelant que la 5e chambre du Conseil d'Etat, haute instance judiciaire chargée de résoudre les conflits administratifs, a émis en janvier dernier la décision d'annuler l'arrêt du tribunal administratif de Tamanrasset qui avait, notons-le, reconnu l'illégalité de la grève, un arrêt sur la base duquel la direction du centre universitaire avait sanctionné les grévistes, alors contraints d'introduire un appel en cassation auprès du Conseil d'Etat. L'examen de leur action a débouché sur l'invalidation du premier jugement. La nouvelle direction est sommée de faire preuve de sagesse pour mieux gérer les conflits administratifs. Ce n'est vraisemblablement pas le cas puisque le directeur du centre aurait, dans une déclaration faite à la même instance judiciaire, accusé les professeurs d'être des «perturbateurs» et de «vouloir ternir l'image du centre universitaire à travers leur action de protestation». Ce qui a suscité colère et indignation des enseignants, qui avaient cependant affiché leur bonne volonté de tourner la page. Cette histoire montre clairement les défaillances du ministère de tutelle et le malaise que vivent nos chercheurs et professeurs universitaires. Tout en affirmant l'exécution de l'arrêté du tribunal administratif, le secrétaire général du centre universitaire de Tamanrasset, Ramdane Chinoun, a déclaré que «les prélèvements effectués sur les revenus des grévistes ne seront pas remboursés». Il convient de rappeler qu'après le rassemblement tenu le 15 juin 2015 devant le centre universitaire, huit professeurs ont été violemment pris à partie par les agents de sécurité de l'établissement.