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Efforts soutenus de l'ONU, le Maroc mis à mal
Publié dans La Nouvelle République le 21 - 03 - 2016

Les efforts soutenus du secrétaire général des Nations unies, Ban Ki-moon, en vue de parvenir à une solution qui permettra l'autodétermination du peuple du Sahara occidental, sous occupation marocaine, ont mis à mal le Royaume marocain, auteur d'une «tragédie humanitaire» dans ce territoire non autonome en attente de décolonisation.
Lors de sa récente visite, début mars, aux camps des réfugiés sahraouis et dans les territoires sahraouis libérés à Bir Lahlou, Ban Ki-moon s'est dit attristé par une "tragédie humanitaire" au Sahara occidental occupé qui dure depuis quatre décennies, promettant de relancer la médiation de l'ONU en vue d'engager des négociations directes entre le Front Polisario et le Maroc.
En insistant sur le droit inaliénable du peuple sahraoui à l'autodétermination, le Secrétaire général de l'ONU a indiqué qu'il allait œuvrer à faire avancer ce processus. Il avait en outre fortement irrité le Royaume du Maroc en parlant "d'occupation" à propos du statut de ce territoire annexé par le Maroc en 1975, et qui reste la dernière colonie en Afrique.
Ban Ki-moon avait surtout déploré le manque de "progrès réel" dans les négociations "devant aboutir à une solution juste et acceptable par tous, fondée sur l'autodétermination du peuple du Sahara occidental". Ces déclarations, soutenues par la communauté internationale, ont visiblement mis à mal Rabat qui, dans un communiqué, a annoncé sa décision de réduire de manière importante la composante civile de la Mission des Nations unies pour l'organisation du référendum au Sahara occidental (MINURSO), en particulier la branche politique, et de cesser avec effet immédiat sa contribution financière à cette mission.
L'ONU avait déploré, mercredi, cette décision "regrettable" du Maroc et a indiqué "prendre des mesures" à suivre. Toutefois, le porte-parole de l'ONU Stéphane Dujarric a indiqué que Ban Ki-moon maintenait ses déclarations à l'origine du courroux marocain, et qu'il avait renoncé à se rendre à Rabat vu le climat ambiant. "Il n'a pas de visite prévue pour l'instant", avait-il précisé, assurant qu'"il n'est pas non plus question de retirer la Minurso".
Réunion du Conseil de sécurité
Le Conseil de sécurité s'est réuni, jeudi, pour donner suite à la décision du Maroc. "Nous allons avoir des consultations à ce sujet", avait indiqué le président du Conseil en mars, l'ambassadeur angolais Ismael Gaspar Martins. Il avait, notamment, souligné que la mission de l'ONU au Sahara occidental (Minurso) "avait été déployée par le Conseil". "Si quelque chose arrive à cette mission, avait-il expliqué, nous devons trouver les moyens de le résoudre".
L'ONU espère que l'envoyé personnel du secrétaire général pour le Sahara Occidental Christopher Ross va pouvoir continuer ses efforts et que "ce n'est pas la fin du processus politique". Et d'affirmer: "la population du Sahara occidental mérite de voir une lumière au bout du tunnel".
La décision marocaine, communiquée lundi à Ban Ki-moon par le ministre marocain des Affaires étrangères Salaheddine Mezouar, "a été une surprise", avait-il confié, exprimant par la même les regrets de l'ONU suite à cette décision. Les services qui s'occupent des missions de l'ONU "vont prendre les mesures nécessaires pour garantir que la Minurso puisse continuer à remplir son mandat", avait assuré ce responsable onusien.
Quant à la menace brandie par le Maroc de remettre en cause sa participation à d'autres opérations de maintien de la paix, le porte-parole de l'ONU Stéphane Dujarric avait déclaré "attendre encore des détails".
Ban Ki-moon déplore un «manque de respect» du Maroc
Ban Ki-moon avait exprimé son amertume devant une telle décision. Il s'était plaint lundi, en recevant M Mezouar, d'un "manque de respect" du Maroc envers sa personne et l'ONU. Il avait également exprimé, à la même occasion, au ministre marocain "sa profonde déception et sa colère" à la suite d'une manifestation à Rabat "qui l'avait pris pour cible personnellement".
Le Maroc a pris le contrôle de la majeure partie du Sahara occidental en 1975 lorsque la puissance coloniale, l'Espagne, s'en est retirée, ce qui a poussé le Polisario à mener une lutte armée jusqu'en 1991, année où l'ONU a réussi à obtenir un cessez-le-feu et a déployé la Minurso. Le Polisario réclame un référendum d'autodétermination, tandis que l'occupant marocain persiste à vouloir imposer sa proposition d'une une large autonomie sous sa souveraineté pour ce vaste territoire riche en minéraux.
Le président sahraoui, secrétaire général du Front Polisario, Mohamed Ben Abdelaziz, avait appelé récemment la communauté internationale et l'ONU à reconnaître la République arabe sahraouie démocratique (RASD) à l'instar de l'UA et de plusieurs pays.
Soutien aux efforts onusiens
Le chef de la division Maghreb au service Action extérieure de la Commission européenne, Bernard Savage, qui s'exprimait à l'occasion d'une réunion de la Délégation pour les relations avec les pays du Maghreb et l'Union du Maghreb arabe (DMAG) à Bruxelles. a réitéré le soutien de l'UE à la Mission des Nations unies pour l'organisation d'un référendum d'autodétermination au Sahara occidental (Minurso), plaidant pour son maintien après l'annonce de la réduction de son effectif par le Maroc.
L'organisation britannique solidaire avec le peuple sahraoui, "Western Sahara Campain" (WSCUK), avait salué jeudi l'engagement pris par le Secrétaire général de l'ONU à ne ménager aucun effort pour résoudre le conflit du Sahara occidental occupé. Dans un message publié sur son site électronique, WSCUK s'est félicitée de la visite de M. Ban Ki-moon, début mars, aux camps des réfugiés et aux territoires libérés à Bir Lahlou.
Elle a également rappelé ses promesses à œuvrer davantage pour la reprise du dialogue, et à "ne ménager aucun effort" dans ce sens. De son côté, la Commission Tom Lantos des droits de l'Homme de la Chambre des représentants des Etats-Unis tiendra le 23 mars prochain une audition sur le Sahara occidental, qui sera consacrée essentiellement à l'examen du mandat de la Minurso dans les territoires occupés.
Intitulée "droits de l'Homme menacés, l'autodétermination reportée: le statut du Sahara occidental", l'audition sera animée, selon cette Commission, par un panel composé de plusieurs personnalités américaines et internationales, dont Kerry Kennedy, présidente de la fondation Kennedy, Francesco Bastagli, ancien représentant du secrétaire général de l'ONU au Sahara occidental, Eric Goldstein, et Erik Hagen, directeur de l'observatoire pour la protection des ressources naturelles au Sahara occidental.
L'audition sera notamment centrée sur l'examen du mandat de la Minurso et la tenue d'un référendum d'autodétermination pour déterminer le statut final des territoires sahraouis occupés. La Commission relève que le Maroc continue d'occuper la majeure partie du Sahara occidental malgré son statut, selon l'ONU, de territoire non autonome en attente de décolonisation. Elle souligne, dans ce sens, que ni l'Assemblée générale des Nations unies ni aucun autre organe de l'ONU ne reconnaît la souveraineté du Maroc sur ces territoires.


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