Parrainé par l'Organisation des Nations unies (ONU), le gouvernement libyen d'union nationale constitue, aux yeux de la communauté internationale, la solution idoine au conflit qui oppose deux gouvernements rivaux : l'un siège à Tripoli et l'autre dans l'Est. Se pose la question quant à sa capacité d'action et son ancrage territorial pour faire face à deux gouvernements qui le rejettent. Ce gouvernement a été mis en place à la suite d'un accord politique signé fin 2015 au Maroc, sous l'égide de l'ONU, par des députés des deux Parlements rivaux, et ce, malgré l'opposition des chefs de ces institutions. Pour être officiellement investi, l'accord stipule qu'il doit obtenir la confiance du Parlement reconnu par la communauté internationale, basé à Tobrouk (est). Après plusieurs échecs faute de quorum, l'entrée en fonction du gouvernement a finalement été proclamée le 12 mars sur la base d'un communiqué de soutien publié par une centaine de parlementaires de Tobrouk sur 198. Il n'est pas installé en Libye et n'a réuni aucun Conseil des ministres. Son Premier ministre Fayez El Sarraj, réside entre le Maroc et la Tunisie. Malaise de l'Occident Les Occidentaux, inquiets par l'expansion de l'organisation djihadiste Etat islamique (EI) en Libye, souhaitent voir l'établissement d'un gouvernement d'union pour rassembler les deux autorités rivales et devenir leur seul interlocuteur légitime en Libye. Ils se sont engagés à lui fournir un soutien financier et une assistance militaire pour lutter contre l'EI qui contrôle Syrte, à 450 km à l'est de Tripoli. Mais les deux autorités qui se disputent le pouvoir ont rejeté le gouvernement d'union. Ses ministres n'ont pour l'instant aucun accès aux sièges des ministères, que ce soit à Tripoli ou dans l'Est. Le gouvernement d'union a annoncé mardi sa volonté de s'installer «dans les tout prochains jours» à Tripoli, où un gouvernement et un Parlement non reconnus par la communauté internationale ont été mis en place après la prise de la capitale, à l'été 2014, par Fajr Libya, une coalition de milices en partie islamistes. D'où la crainte de voir éclater des affrontements entre Fajr Libya et les milices qui soutiendront le «gouvernement d'union». Face à la volonté du gouvernement d'union de s'installer rapidement dans la capitale, les autorités de Tripoli y ont décrété l'état d'urgence «maximal». Mardi dernier, les autorités de Tripoli ont réitéré qu'elles «ne cèderaient pas le pouvoir». Ainsi, la Libye se retrouve avec trois gouvernements. Les deux rivaux de Tripoli et de l'Est, tout en se faisant la guerre, s'opposent ainsi au gouvernement d'unité.