Haro sur Nouria Benghebrit ! Chaque fois que cette ministre éternue, les baathistes, les islamistes, les conservateurs, c'est-à-dire tout le gotha du monde rétrograde, attrapent la grippe. Il a suffi qu'elle annonce son intention d'aller devant les députés, alors que rien ne l'y oblige, pour expliquer le projet de réforme de l'école pour que les tenants de l'immobilisme sortent de leurs gonds. Un défi qu'aucun autre ministre n'a jamais osé. Et une audace que même l'Association des oulémas ne pardonne pas, cette dernière qui s'est totalement éloignée du message de tolérance ouvert sur la modernité prôné par cheikh Abdelhamid Ben Badis, pour se lancer dans l'invective stérile et la déformation. En effet, dans une déclaration publiée dimanche, elle «s'oppose aux tentatives d'effacement de la personnalité de nos enfants et des générations futures, ainsi que leur occidentalisation en faisant fi de nos traditions originales et en déstructurant leurs fondements religieux et leur valeur en faveur de la langue et de la culture étrangères». On croirait entendre Daech ! L'association s'est auto-érigée en conscience de la nation alors qu'elle s'était totalement effacée de la scène lorsque le terrorisme islamiste avait mis le pays à feu et à sang durant la décennie 1990, par exemple. Elle n'est pas la seule, malheureusement. Même le sinistre Hamadache, devenu wahhabite après un séjour en Arabie Saoudite et qui se permet d'appeler à l'assassinat d'un journaliste comme Kamel Daoud, prétend que la ministre veut introduire «un projet français» pour la déstabilisation de l'école algérienne. Même son de cloche chez l'Alliance verte qui parle d'«un précédent dangereux (…) de nature à faire exploser l'identité et l'unité nationales». La malhonnêteté et l'incompétence le disputent à la mauvaise foi chez la mouvance islamiste qui prouve par là qu'elle est loin des réalités algériennes. D'abord, ce n'est pas Mme Benghebrit mais c'est la Commission nationale des programmes qui a travaillé sur la réforme, sous la houlette bien sûr du ministère. Tout son travail est une mise en pratique de la fameuse réforme Benzaghou, mise au point en 2003 et sur laquelle personne n'a trouvé à redire. Le ministère de l'Education n'a fait qu'apporter des aménagements techniques. Mais le fait d'introduire pour la prochaine rentrée 80% des auteurs algériens dans les livres scolaires révolte ces gens qui veulent un enseignement qui débilise nos enfants et les maintienne éloignés de l'esprit critique. Ils n'ont pas bougé le petit doigt quand Benbouzid a sinistré notre école durant 17 ans et qui a surtout contribué à produire des terroristes et une jeunesse sans repères. Ils veulent que la voie reste ouverte pour permettre au salafisme wahhabite de s'ancrer définitivement dans la société. C'est pour cela que Mme Benghebrit dérange et qu'ils veulent sa tête.