Une rencontre sur le thème de « L'impact de la guerre au Liban sur le dialogue interculturel » a été organisée, avant-hier, par la fondation Friedrich Ebert. Cette rencontre, à laquelle ont pris part Mgr Tessier, archevêque d'Alger, Adlène Meddi, journaliste à El Watan et Mme Benhabylès, militante des droits de l'homme, s'est tenue devant un public nombreux toujours prompt à participer au débat. L'épreuve éhontée à laquelle est toujours soumis le peuple palestinien fera réagir les conférenciers. Faisant un rappel de son parcours avec ceux qui plaident le droit des Palestiniens, Mgr Teissier assure que le déni identitaire dont ceux-ci sont victimes ne peut aider à la résolution du conflit au Proche-Orient. « Tant que nos frères en Palestine sont privés de leurs droits, il est difficile de rétablir la paix au Proche-Orient », lâche-t-il. Tout en rappelant son parcours avec Caritas et sa rencontre dans une grotte sur les rives du Jourdain avec Yasser Arafat, L'archevêque d'Alger dira que « la réaction commune des Libanais est un signe fort ». Selon lui, la réponse empressée de la communauté internationale et de la presse a aidé à donner une visibilité à ce conflit et par-là assister le peuple libanais dans l'épreuve. L'ancien coadjuteur du cardinal Duval regrette la disparition des communautés confessionnelles en Algérie, celle chrétienne n'a aujourd'hui qu'une présence amoindrie. Mgr Teissier invite à sortir du confessionnalisme età bénéficier des expériences qui se déroulent au-delà des limites nationales et en tirer profit. Prenant la parole, Mme Benhabylès assure que l'origine du mal au Proche-Orient se situe dans les démêlés des politiques, à tout le moins affectée par le conflit au Liban, elle épingle l'institution onusienne. Plus loin, elle dira qu'« un gouffre s'est creusé des suites de cette agression, puisque c'en est une, entre les gouvernants et leur peuple ». Aussi, l'agression en Irak a donné expressément du fil à retordre aux terroristes, renforcé la haine de l'Américain et n'a fait que raffermir les intégrismes de tout genre. S'étant retrouvé au tout début du conflit dans la gueule du loup, le journaliste d'El Watan, Adlène Meddi, fera remarquer qu'une nouvelle génération est en train de voir le jour au Liban. Offusquée par ces conflits en gigogne qui ensanglantent le pays du Cèdre, celle-ci, assure-t-il, essaye de « dépasser ses clivages et rejoindre l'Autre ». Meddi en veut pour preuve la réaction des chrétiens des quartiers nord de Beyrouth, lesquels, sans que les considérations confessionnelles y soient intégrées, ont prêté main forte à leurs concitoyens chiites. Il relèvera qu'aucune des factions se trouvant sur l'échiquier politique libanais ne peut, à elle seule, revendiquer la représentativité dans le pays. En dépit de sa victoire, le Hezbollah ne peut porter atteinte au consensus qui s'est forgé sans se mettre à dos les autres factions de la société libanaise. Un réajustement sémantique a été opéré par Meddi concernant le « supposé choc des cultures ». Pour lui, il faut parler de conflit des ignorances et des malentendus, le dialogue n'en prendra que plus de rigueur. M. Rahabi, modérateur de la rencontre, ne ménagera pas la presse, laquelle, à l'en croire, ne fait que reproduire le « discours produit ailleurs ». Les seuls à s'être distingués sont les médias du Golfe qui se sont retrouvés dans le chaudron les premiers. Par ailleurs, Mme Benhabylès dira que seule la société civile peut faire sortir le monde arabe de l'ornière en favorisant l'interculturalité. Ainsi, elle en appelle à la création d'un centre arabe des sociétés civile. Toutefois, se demande-t-on, les regroupements conjoncturels sauront-ils résoudre les problèmes du citoyen arabe ? Rien n'est moins sûr.