Réflexif n « L'impact de la guerre au Liban sur le dialogue interculturel» était hier le thème d'une conférence organisée conjointement par l'ambassade d'Allemagne, la fondation Friedrich Ebert et l'UGTA. M. Rahabi, modérateur, a, d'abord, souligné que la guerre au Liban n'est pas une guerre isolée. «Il s'agit d'une guerre globale, s'étendant à toute la région du Moyen-Orient.» Pour sa part, Monseigneur Tessier, archevêque d'Alger, a relevé qu'«Il y a, et cela pour la première fois, une unanimité d'opinion et d'attitude à l'intérieur même du pays relatif aux faits ; il y a une réaction commune face à l'agression israélienne », a-t-il indiqué. De son côté, Mme Benhabyles a cependant déploré le comportement de l'opinion internationale. «Ce qui me désole, c'est que les gens évitent le mot occupation», a-t-elle regretté. Et de poursuivre : «S'il n'y avait pas d'occupation, il n'y aurait pas eu de conflit ni de terrorisme». Enfin Adlene Meddi, journaliste à El Watan, est revenu sur la solidarité des Libanais, et cela en connaissance de cause, puisqu'il était au Liban pendant le conflit. «Les Libanais ont oublié leurs différences religieuses», car «la nouvelle génération, a-t-il précisé, cherche à oublier le cauchemar de la guerre civile». La question qui ressort de ces trois interventions consiste à savoir s'il est vraiment possible, aujourd'hui, avec la guerre du Liban, le conflit israélo-palestinien et l'occupation militaire américaine en Irak, d'envisager et d'amorcer un dialogue entre les religions et les cultures. Mme Benhabyles a dénoncé les agissements de l'actuelle administration américaine. «L'administration américaine a réussi à renforcer la confrontation intereligieuse, la haine des Américains à l'encontre des musulmans, et le terrorisme (islamiste)», s'est-elle indigné. Déjà, précisons-le, l'éventualité d'un dialogue entre les différentes communauté religieuses (musulmane, chrétienne et juive) semble être compromis ; et cette compromission vient du fait que des politiques, véreux, s'emploient à instrumentaliser les appartenances culturelles ainsi que les divergences confessionnelles. Cela a plongé les uns comme les autres dans l'extrémisme. Pour Monseigneur Tessier, la communauté chrétienne dans le monde arabe tend à diminuer, et cela, selon l'orateur, est dû à l'absence d'un véritable dialogue constructif et permanent entre les uns et les autres. Et d'enchaîner : «Pour qu'il y ait dialogue avec l'autre, il faut bien s'ouvrir à soi». Enfin, Adlene Meddi a jugé que les musulmans ne se connaissent pas et s'ignorent. «Nous-même, nous n'arrivons pas à nous entendre et à nous tolérer», a-t-il déploré, ajoutant que «moins on se connaît plus on sombre dans l'ignorance». La guerre au Liban, outre le conflit israélo-palestinien et le conflit en Irak, a suscité nombre d'interrogations et a enclenché de vifs débats quant aux rapports Orient/Occident. Y a-t-il une possibilité d'un dialogue interculturel et inter-religieux ? Comment peut-on envisager un tel dialogue ? Un dialogue signifie rapprochement, compromis, et donc les uns comme les autres sont-il prêts à faire des concessions ?