La crise qui ébranle le secteur de l'éducation nationale avec le débrayage des contractuels ne trouve pas son épilogue. Des centaines d'enseignants qui affluaient hier vers Boudouaou, à l'ouest de Boumerdès, ont été refoulés par les services de sécurité. Avant même d'arriver à Boudouaou, des bus immatriculés dans différentes wilayas faisaient l'objet de contrôle. La destination Boudouaou a été, selon des témoignages recueillis auprès des enseignants, interdite à une caravane de solidarité aux contractuels de l'éducation. «Ils ont tout fait pour empêcher nos camarades contractuels de nous rejoindre. C'est une manœuvre qui a pour but l'affaiblissement de notre mouvement de protestation», nous a confié l'un des meneurs du mouvement de protestation. Pour esquiver les barrages des forces de sécurité, des contractuels ont recouru aux taxis clandestins. Finalement, ce n'est que dans l'après-midi d'hier que les forces de sécurité ont laissé passer la caravane de solidarité. Cela a permis de voir le nombre des protestataires doubler pour atteindre les 1500 contractuels, alors qu'ils n'étaient qu'environ 700 les jours précédents. Les protestataires occupent une partie d'une rue de la cité des 950 Logements de Boudouaou, où ils ont érigé une tente géante. Pour rappel, des dizaines de contractuels sont aujourd'hui à leur cinquième jour de grève de la faim. Chaque jour qui passe, leur état de santé se dégrade davantage, surtout avec les mauvaises conditions climatiques qui ont caractérisé ces derniers jours. Les protestataires, hommes et femmes, passent leurs nuits allongés sur les trottoirs. De jeudi à hier, 15 des grévistes de la faim ont été évacués vers les urgences d'un hôpital, pour la plupart des enseignantes. L'une d'elle avait été mordue par un rat. La solidarité des habitants de la cité des 950 Logements de Boudouaou est indiscutable. Ils ne lésinent pas sur les moyens pour venir en aide et soutenir les contractuels dans leur combat. «Chaque jour, ils viennent s'enquérir de notre état de santé. Ils nous ramènent de l'eau, de la nourriture, des couvertures et même des vêtements. C'est la solidarité algérienne. Nous n'oublierons jamais ces gestes hautement humanistes», affirment les contractuels. L'élan de solidarité s'élargit de plus en plus. Des syndicalistes, des députés et des parlementaires se sont rendus hier à Boudouaou au camp des contractuels. Deux syndicats de l'éducation, à savoir le Cnapeste et le Snapap, ont appelé à une journée de protestation et une grève mercredi dernier en signe de solidarité avec leurs camarades à Boudouaou. Du côté du ministère de l'Education nationale, rien de nouveau, excepté les appels au calme. Sur le site internet officiel du ministère, aucune allusion n'est faite à la crise des contractuels. Le Conseil des lycées d'Algérie (CLA) propose une médiation entre le ministère de tutelle et les contractuels. «Nous avons proposé au ministère de l'Education nationale une solution pour mettre fin à cette crise. Il s'agit d'une intégration des contractuels en deux tranches par classement d'ancienneté. Une tranche cette année et l'autre pour l'année prochaine, et ce, sans toucher à l'actuel concours. Nous attendons pour demain (aujourd'hui, ndlr) la réponse du ministère», nous a confié Achour Idir, secrétaire général du CLA.