La mobilisation des ressources en eau à Béjaïa, une wilaya connue pour être une région hydrique par excellence, n'est pas optimisée. L'exploitation effrénée des eaux souterraines (nappes phréatiques, sources et puits) et du barrage de Tichy-Haf ne satisfait plus les besoins de la population, de l'agriculture et de l'industrie de la région. La mauvaise gestion de la distribution de l'eau et l'état vétuste du réseau AEP favorisent le manque d'eau dans beaucoup de villages et quartiers. Ajouté à cela le manque d'investissements et les projets abandonnés ou non encore lancés qui devraient améliorer le quotidien du citoyen. Le plus important de ces projets est la station de dessalement de l'eau de mer qui est projetée à Djebira, dans la commune de Boukhlifa. Cette dernière, d'une capacité de 100 000 m3, a été programmée pour couvrir, en appoint, la ville de Béjaïa et surtout alimenter la côte est qui souffre, notamment, en été. Ce projet a accumulé un retard au point que même l'assiette de terrain qui lui a été réservée en 2008 est menacée par l'érosion marine. Son lancement est prévu pour le quinquennat 2015-2019, mais la population l'attend depuis près de 10 ans. Dans les perspectives de la direction de l'hydraulique sont mentionnés, mais sans les délais, des projets qui soulageront à coup sûr les habitants des communes du littoral ouest (Adekar, Toudja, Beni Ksila…). Il s'agit de la réalisation d'un barrage hydraulique sur Oued Flidoun, un affluent de l'oued Dass d'une capacité de 12 hm3 et l'étude et la réalisation de 26 petits barrages et retenues collinaires à travers la wilaya, pour ne citer que ceux-là. Des projets qui sont présentés à chaque examen du secteur au niveau de l'APW et qui n'arrivent pas à voir le jour. Ayant longtemps compté sur les eaux souterraines, la wilaya voit la plupart de ses puits et forages taris ou menacés par la pollution. Béjaïa dispose de 201 forages et autres puits et sources d'une capacité de 172 000 m3/jour, mais une partie de cette production est orientée vers l'agriculture et l'industrie puisque les capacités d'épuration des eaux usées sont insignifiantes (8%) et le nombre de retenues collinaires s'est rétréci à 8 seulement contre 42 initialement (la production est passée de 1,6 à 0,3 hm3). La mise en service du barrage hydraulique de Tichy-Haf, en 2010, n'a pas amélioré sensiblement la dotation en eau pour la population, bien que l'ouvrage ait porté la production à 103 000 m3 en 2015. Celui de Ighil Emda (Kherrata) est destiné plutôt à l'AEP et l'irrigation des hautes plaines de Sétif avec 119 hm3/an et seulement 3 pour l'AEP de Draâ El Gaïd (Béjaïa). A ce stade-là, les chiffres concernant le taux de distribution de l'eau par habitant, qui est de 145 litres par jour, sont une chimère, selon le rapport de la commission de l'hydraulique de l'APW, qui révèle plutôt un chiffre de 50 litres/jour par habitant.