Jour d'élections législatives en Syrie L'opposition installée à Riyadh et financée par les pays arabes du CCG compte désormais sur le soutien de la France. Qualifiée de «cruciale» par Staffan de Mistura, l'émissaire de l'ONU pour la Syrie, la seconde phase des pourparlers s'est ouverte hier à Genève, avec l'absence de la délégation syrienne pour cause d'élections législatives. Les électeurs étaient en effet appelés à se prononcer pour un scrutin qui, comme en 2012, devrait s'achever sans grandes surprises, le parti Baâs étant assuré de remporter la majorité des sièges malgré une opposition dont le regard est plutôt fixé sur la prochaine phase de transition. C'est d'ailleurs sur cette question que les négociations vont se concentrer, ainsi que sur la gouvernance et les principes constitutionnels devant figurer dans le prochain texte fondamental. Présent lundi à Damas, de Mistura avait annoncé les axes de ces pourparlers indirects qui voient les représentants du régime et ceux de l'opposition autour d'une même table. La tenue des législatives et celle du deuxième round des discussions, le même jour, illustre clairement le fossé qui sépare un régime syrien accusé de «verrouiller» le scrutin et une opposition inquiète de la situation qui prévaut dans plusieurs zones où les rebelles sont sous la menace d'un assaut de l'armée régulière, comme à Alep. La précédente phase des négociations, entre le 14 et le 24 mars, s'était achevée sans avancées majeures. Staffan de Mistura avait néanmoins soumis aux deux délégations un texte en 12 points recensant les principes auxquels elles ont adhéré, comme l'intégrité territoriale et la souveraineté du pays, la lutte contre le terrorisme, le retour des réfugiés et même un quota de femmes pour les futures élections. Par contre, le leitmotiv de l'opposition, à savoir le départ du président Bachar Al Assad, n'a pas été retenu, pas plus que la nature et la composition de la future autorité chargée de la transition. Or, c'est l'un des points de divergence entre les uns et les autres, dans le processus engagé par la Russie et les Etats-Unis, à Vienne. Reprochant à Washington d'avoir quelque peu dévié du soutien résolu qu'il lui accordait au moment des conférences de Genève I et de la résolution 2 254 du Conseil de sécurité de l'ONU fin 2015, l'opposition installée à Riyadh et financée par les pays arabes du CCG compte, désormais, sur le soutien de la France dont les intérêts sont décisifs en Arabie saoudite, au Qatar et aux Emirats arabes unis, notamment. Le Haut Comité des négociations, conduit par Riyad Hijab, revendique ainsi une «autorité de transition dotée des pleins pouvoirs», une exigence que Damas rejette catégoriquement. Pour Bachar Al Assad, la solution consiste en un gouvernement d'union nationale qui sera chargé de préparer une nouvelle Constitution, ouvrant la voie à une légitimité plurielle du pouvoir.Le deuxième round des pourparlers devrait durer une dizaine de jours, mais il y a fort à parier que, comme le précédent, il s'achèvera sans avancée probante, tant les positions sont éloignées et que la revendication du départ de Bachar Al Assad devient irréaliste, compte tenu de la situation sur le terrain militaire où les rebelles sont sur la défensive, sinon en détresse. La trêve instaurée par la Russie et les Etats-Unis le 27 février, à l'exclusion de l'Etat islamique et du front Al Nosra, est relativement respectée mais sa fragilité inquiète les grandes puissances alors que se prépare une bataille décisive à Alep que l'armée syrienne compte reprendre coûte que coûte. Et pour cause, Alep et sa province constituent la clé de la paix en Syrie.