A quelques heures de la réunion de Doha entre les pays OPEP et non OPEP, les incertitudes quant à un accord sur le gel de la production refont surface. Les déclarations du ministre iranien du Pétrole, laissant planer le doute sur l'adhésion de son pays à l'accord attendu, ainsi que les prévisions pessimistes de l'AIE sur un rééquilibrage différé du marché ont atténué les lueurs d'espoir quant à une stabilisation des cours de l'or noir. Alors que la confusion est à son comble, les prix du pétrole ont nettement fléchi depuis jeudi sur les places boursières de Londres et New York, les investisseurs hésitant à prendre position en attendant le verdict de la réunion entre grands producteurs à Doha. Selon les analyses répercutées par les agences de presse, les cours du brent et du WTI, après avoir nettement progressé en début de semaine et qui semblaient engagés depuis mercredi dans une phase de consolidation, se sont montrés de plus en plus prudents et volatils à mesure que l'échéance de la réunion de Doha approchait. Les déclarations de l'Arabie Saoudite, de la Russie et de l'Iran ont ajouté à l'incertitude générale quant à la possibilité de parvenir à un accord de gel de la production, même sans la participation de Téhéran, qui ne compte pas envoyer son ministre du Pétrole, Bijan Namdar Zanganeh, à la réunion de Doha, selon le ministère iranien. Celui-ci a cependant précisé que le représentant de l'Iran au sein de l'OPEP, Hossein Kazempour Ardebili, serait présent. Il a affirmé par ailleurs que l'Iran soutient les efforts des pays de l'OPEP et non OPEP pour stabiliser le marché et soutenir les prix. De nombreux analystes mettaient en garde hier contre un risque de fort décrochage des prix une fois la réunion passée, à l'instar de ce qui s'était produit après la réunion de l'OPEP début décembre, où aucune décision n'avait été prise. Il est à rappeler que le ministre algérien de l'Energie, Salah Khebri, avait déclaré cette semaine, lors d'une conférence de presse à Alger, que le rendez-vous de dimanche prochain, auquel l'Algérie prendra part, sera «crucial» pour le marché pétrolier et la stabilisation des prix de l'or noir. Le ministre se montrait optimiste quant à une issue favorable de la rencontre de Doha, estimant qu'«elle donnera un signal fort au marché et permettra un raffermissement graduel des prix autour de 40 dollars le baril». Il est à savoir qu'un accord entre les grands producteurs pourrait théoriquement réduire l'offre excédentaire, stimuler les prix et remédier aux difficultés financières des pays producteurs de l'or noir. Des obstacles persistent cependant, selon les analystes, qui citent le fait que l'Arabie Saoudite, qui pompait en mars 10,1 millions de barils par jour (mbj), a souligné qu'elle ne gèlerait sa production que si l'Iran en faisait autant. Téhéran, à peine débarrassée des sanctions occidentales, cherche pour sa part à obtenir une dérogation jusqu'à ce que sa production atteigne les 4 mbj, son niveau d'avant les sanctions. L'accord ne sera possible donc que si les pays en présence dépassent leurs contradictions et ouvrent la voie au rétablissement de la confiance entre les principaux producteurs.