La chanteuse libanaise Majda Roumi souhaite puiser de «la source pure» qui est la chanson algérienne. En robe blanche, la lover girl de la chanson arabe, Majda Roumi, est revenue à Constantine 19 ans après son premier concert pour offrir une belle soirée brillant de mille étoiles. Mercredi soir, la salle Ahmed Bey était archicomble pour assister au concert de la fille rêveuse du poète et compositeur libanais Halim Roumi. L'artiste, accompagnée de son orchestre et de sa chorale, a interprété un bouquet de ses chansons les plus célèbres comme Khedni habibi, Tsawir mai, Kalimat, Ma hada bi abi, Layl, Ouhibouka jidan, Ayanak, Min awal woujoudi, Inta ana, Aatazal al gharam... Majda Roumi, qui milite à sa façon par la chanson et le texte, a repris un poème du Jordanien Haydar Mahmoud dans lequel il critique la situation politique actuelle des pays arabes, Tatawahadou al dounia wa n'anfassilou» (Le monde s'unit et nous nous divisons). «Les colonisateurs ont-ils une main dans ce qui nous arrive alors qu'ils sont partis ? Ou s'agit-il plutôt de notre propre main qui fait de nous le double de ce qu'ils ont fait ?», s'est interrogé Haydar Mahmoud, connu par des poèmes tels que Al nar lati la touchbihou al nar (Le feu qui ne ressemble pas au feu). Lu par Majda Roumi, le poème a suscité un tonnerre d'applaudissements dans la salle. Autant de la chanson composée à partir de ce texte contestataire. «Ce poème est un appel à l'union des Arabes. Nous sommes blessés. Nous sommes à l'origine de nos divisions. Nous en sommes responsables. Mais il y a toujours des gens dignes qui défendent les terres arabes. Il faut savoir qu'il existe un immense plan pour avaler toutes ces terres et transformer nos Etats en pays occupés sous une autre forme d'occupation. Ils ont fait en sorte qu'on s'entretue pour qu'ils profitent à l'aise de nos richesses», a déclaré Majda Roumi lors d'une rencontre avec les journalistes. Elle a rappelé qu'elle était venue à Constantine en 1997, à l'époque où le pays était traversé par les violences. «A cette époque, j'ai visité la ville la nuit, je suis allée à la salle du concert la nuit et j'ai quitté la cité la nuit. Je n'ai donc pas eu l'occasion de visiter ou de voir la ville. Je suis ravie de la voir si verdoyante et si ensoleillée aujourd'hui. Constantine n'est pas uniquement capitale de la culture arabe. Elle est également capitale du printemps», a-t-elle lancé sur scène. Majda Roumi a repris aussi les chansons algériennes Anaya el welia, de Line Monty et Ahlan oua sahlan bikoum. Par le passé, elle avait repris le célèbre titre du regretté El Hachemi Guerouabi, Wahdani Gharib. «La chanson algérienne est entre l'Orient et l'Occident. Elle est au milieu. Son âme est riche. Nous voulons puiser de cette source pure. Je souhaite rencontrer des compositeurs algériens. L'art algérien peut beaucoup apporter à nos voix», a-t-elle déclaré. Majda Roumi veut composer des chansons à partir de poèmes algériens. La musique de Majda Roumi est riche. On y retrouve des sonorités jazz, classique, orientale, romantique, savante... «Qu'Allah protège l'Algérie et ce bien précieux que sont la paix, la sécurité, la souveraineté et l'indépendance. Le mal ne peut pas durer chez nous. Le soleil reviendra briller sur nos terres et sur les têtes de tous ceux qui souffrent dans les pays arabes», a soutenu Majda Roumi lors de la conférence de presse après une question sur les drames que vivent les peuples du Moyen-Orient et du Maghreb actuellement.