L'Algérie gagne trois places dans le classement du RSF. «La situation en Algérie s'est améliorée ou le pouvoir en place s'est montré relativement plus tolérant envers la presse que lors des années précédentes», souligne le rapport annuel de l'ONG Reporters sans frontières RSF, rendu public mardi. Notre pays est en progression dans le classement mondial. Il passe de la 129e à la 126e place, devançant l'Egypte (133e), la Tunisie (148e), la Libye (152e) et l'Arabie Saoudite (161e). En dépit de cette avancée, l'Algérie accuse néanmoins un retard considérable par rapport à ses voisins, la Mauritanie et le Maroc, classés respectivement à la (77e) et (97e) places. Le recul «des lignes rouges imposées» par le Royaume chérifien et l'ouverture du paysage audiovisuel ont permis à ce pays de gagner vingt-trois places par rapport à l'an dernier. Sans citer le Koweit et les Emirats arabes unis en tête de liste dans la région arabe. En effet, souligne le rapport, «si les journalistes algériens ont connu une trêve suite à la grâce présidentielle partielle décrétée par Abdelaziz Bouteflika en juillet 2006, aucune réforme structurelle n'a été mise en place pour améliorer la situation de la liberté de la presse». L'emprisonnement des journalistes, suite à l'affaire des caricatures du Prophète Mohamed, a influencé le jugement du RSF. Mais la première «victime» de cette polémique est le Danemark (19e) qui a perdu sa place de leader en raison des graves menaces proférées à l'encontre des auteurs des caricatures en question, à l'automne 2005. «Pour la première fois au cours de ces dernières années, dans ce pays très respectueux des libertés fondamentales, des journalistes ont dû être placés sous protection policière en raison de menaces dues à leur travail», précise le rapport. Par ailleurs, les mêmes pays figurent depuis des années en queue de classement. En Arabie Saoudite (161e), en Syrie (153e) et en Iran (162e), «la presse indépendante est toujours inexistante tandis que les médias autorisés demeurent des instruments de propagande». Ce sont encore et toujours des pays d'Europe du Nord qui remportent la course de la liberté d'expression. «Aucun cas de censure et, bien entendu, aucune menace ni aucune intimidation ou représailles physiques n'ont été recensées en Finlande, en Irlande, en Islande et aux Pays-Bas, premiers ex-aequo de ce classement». Les Etats-Unis (53e) ont perdu neuf places par rapport à l'an dernier. «L'atmosphère s'est nettement détériorée entre la presse et l'administration du président George W.Bush depuis que celle-ci, invoquant la sécurité nationale, tient pour suspect tout journaliste qui remettrait en cause sa guerre contre le terrorisme». Le zèle de la justice fédérale, qui, à l'inverse de 33 Etats de l'Union, ne reconnaît pas, à la presse, le privilège du secret des sources, menace même des journalistes dont les enquêtes ne concernent en rien les affaires de terrorisme. La France (35e) perd cinq places depuis l'année dernière et vingt-quatre places en cinq ans. La multiplication des perquisitions au sein de médias et des mises en examen de journalistes est un réel sujet de préoccupation pour les organisations professionnelles et les syndicats. «Par ailleurs, l'automne 2005 a été particulièrement difficile pour les journalistes français. Plusieurs d'entre eux ont été agressés ou menacés lors du conflit syndical né de la privatisation de la Sncm, en Corse, et pendant les violentes manifestations dans les banlieues françaises, en novembre», ajoute cette ONG. Selon le rapport du RSF, 61 journalistes ont été tués depuis le 1er janvier dans l'exercice de leur profession, et 130 emprisonnés.