Ahmed Tessa, ancien normalien, fondateur de la première revue d'éducation bilingue en Algérie, L'Ecole et la vie, a publié un ouvrage intéressant et didactique, L'impossible éradication, (L'enseignement du français en Algérie) aux éditions Barzakh. Dans cet essai engagé, Ahmed Tessa, vieux routier de l'éducation nationale, revient sur un sujet tabou : le statut de la langue française à l'école et à l'université algériennes. Sans jamais cesser de célébrer la langue arabe, celle d'Al-Moutannabi et de Taha Hussein, il dénonce la précipitation dans laquelle la politique d'arabisation a été menée à partir de 1981. Ainsi que l'idéologie revancharde qui la sous-tendait. Faits et chiffres à l'appui, il examine les dégâts causés par le processus de dévalorisation qu'il ne craint pas de qualifier d'éradication délibérée. «En couplant la fracture scolaire (la langue) et la fracture sociale, le pouvoir politique a joué avec le feu en donnant naissance à une catégorie d'élèves et d'étudiants : les ‘‘damnés de l'école''», souligne Ahmed Tessa. Sa connaissance du milieu éducatif et sa fine observation des courants qui le traversent lui permettent de démonter les rouages d'une mécanique en déphasage avec la réalité qui, au final, a compris l'insertion du pays dans la modernité. Ce livre courageux, cri de révolte et d'alarme contre la faillite du système scolaire en général, est un plaidoyer pour une école valorisant le bilinguisme, voire le trilinguisme précoce et exhorte le politique à repenser l'institution scolaire de fond en comble. Ahmed Tessa, ancien normalien, a exercé dans tous les cycles du système scolaire. Fondateur de la première revue d'éducation bilingue en Algérie L'Ecole et la vie de 1996 à 1998, il collaborera aux rubriques «Education» de plusieurs revues et quotidiens algériens, notamment Parcours maghrébins et El Watan. Il participera également à des émissions éducatives radiophoniques dans les trois langues. La préface de cet ouvrage est signée par le romancier et universitaire Amin Zaoui : «Dan ce livre, Ahmed Tessa met le doigt sur la blessure encore béante de la réalité linguistique en Algérie. Le livre ne s'arrête pas à l'analyse des raisons qui ont engendré la faillite de l'enseignement de la langue française dans notre pays. Il nous conduit plus loin, au plus profond, en accusant toute la classe politique responsable de cet échec d'intelligence. Echec qui a engendré des retombées mortelles sur la culture et sur la nouvelle génération d'intellectuels algériens… L'Algérie est considérée comme le premier pays francophone après la France. Et dans ce deuxième pays francophone, le français vit une situation exceptionnelle relevant de la mémoire collective mal cicatrisée, liée à l'histoire amère d'une colonisation terriblement traumatisante…».