La partie saoudienne a réservé un accueil assez froid au président américain. Lors de son arrivée à Riyad afin d'assister au sommet du CCG, Barack Obama n'a pas été reçu par le roi, mais par le gouverneur de Riyad, le prince Khaled Bin Bandar Bin Abdelaziz. Le président américain Barack Obama a retrouvé hier à Ryad, les dirigeants du Golfe pour un sommet visant à apaiser les tensions entre Washington et les monarchies sunnites emmenées par l'Arabie Saoudite. Le président américain, accompagné du secrétaire à la Défense Ashton Carter et du chef de la diplomatie John Kerry, veut encourager ses interlocuteurs à s'impliquer plus fortement dans la lutte contre les djihadistes du groupe Etat islamique. Il espère aussi avancer sur les fragiles tentatives diplomatiques en cours pour mettre fin aux conflits qui ravagent le Yémen et la Syrie. Fort des progrès enregistrés ces derniers mois contre l'EI en Irak et en Syrie, grâce à l'appui des raids aériens menés par la coalition internationale dirigée par les Etats-Unis, Barack Obama cherche à accélérer le rythme face à des djihadistes «sur la défensive». Ainsi, Barack Obama et les dirigeants des six pays du Conseil de coopération du Golfe (CCG) — Arabie Saoudite, Bahreïn, Emirats arabes unis, Koweït, Oman, Qatar — se sont rassemblés dans le vaste palais Diriyah pour une série de sessions à l'issue desquelles le président américain devait s'exprimer. Barack Obama s'est employé à rassurer ses alliés sunnites du CCG, qui n'ont pas digéré l'ouverture américaine vers le rival chiite iranien et ses propos sur la nécessité de «partager» leur voisinage avec Téhéran. Sahara occidental «Nous avons clairement dit que nos partenaires et amis dans la région étaient ici, avec nous», a souligné Ben Rhodes, proche conseiller du président américain, évoquant des inquiétudes partagées sur «les activités déstabilisatrices» de l'Iran. Dans le même contexte, a-t-il souligné, Washington a défendu la nécessité pour les monarchies du Golfe de faire un «effort diplomatique vers les Iraniens» afin de mettre fin aux conflits sanglants qui minent la région, de l'Irak à la Syrie en passant par le Yémen. Mercredi, le secrétaire américain à la Défense, Ashton Carter, a appelé les riches monarchies pétrolières à s'impliquer davantage en Irak, pas seulement militairement comme l'ont fait Riyad et Abou Dhabi, mais aussi politiquement et économiquement. Le «soutien sunnite à la reconstruction sera crucial» pour assurer une victoire définitive contre les djihadistes, a souligné M. Carter, également présent à Riyad. Ce sommet pourrait aussi être l'occasion pour les pays du Golfe de rouvrir le débat sur le Sahara occidental. En effet, c'est lors d'une rencontre qui a réuni le secrétaire d'Etat américain John Kerry et les chefs de la diplomatie du CCG, le 7 avril dernier à Manama, que ces derniers ont réitéré à John Kerry le soutien de leurs gouvernements au plan d'autonomie proposé par le Maroc pour mettre fin au conflit régional du Sahara occidental. Maroc D'ailleurs, la question est revenue sur le tapis lors de la visite effectuée par le roi du Maroc Mohammed VI à Riyad dans le but de prendre part au premier sommet entre le Maroc et les pays du CCG. Lors de ce sommet, les dirigeants des pays du CCG ont réaffirmé leur position de principe au sujet de la question du Sahara occidental qu'ils considèrent également une question du CCG. Dans le communiqué conjoint sanctionnant le sommet Maroc-pays du Golfe, mercredi à Riyad, en présence du monarque marocain, les dirigeants du CCG ont réitéré «leur position favorable à la marocanité du Sahara et leur soutien à l'initiative d'autonomie présentée par le Maroc comme fondement de toute solution à ce différend régional artificiel». En effet, à l'ouverture du sommet que le roi Salmane d'Arabie Saoudite a déclaré : «Nous soulignons notre soutien à toutes les causes politiques et sécuritaires importantes pour notre pays frère (le Maroc), notamment en ce qui concerne le Sahara». Il a ajouté que le CCG «rejetait catégoriquement toute atteinte aux intérêts du Maroc» sur ce territoire. Ban Ki-Moon De son côté, le roi Mohammed VI a qualifié les récentes manœuvres de «complots contre son intégrité territoriale». Pour lui, les discussions annuelles en avril du Conseil de sécurité sur le Sahara occidental sont utilisées comme un «épouvantail pour faire chanter le Maroc». Il a d'ailleurs accusé le secrétaire général de l'ONU, Ban Ki-moon, d'être utilisé dans une «guerre par procuration» contre le Maroc au travers de ses «déclarations biaisées». Il est à noter que lors d'une visite effectuée dans la région début mars dernier, Ban Ki-moon avait parlé d'«occupation du Maroc». Dans son rapport sur la question remis au Conseil de sécurité lundi dernier, le SG de l'ONU a affirmé que la difficulté fondamentale qui a empêché l'aboutissement du processus politique réside dans le fait que le Maroc a toujours unilatéralement «considéré son plan d'autonomie comme seule base pour les négociations.»