L'obésité ou surcharge pondérale est déclarée problème de santé publique par l'OMS. Les pays les plus durement touchés sont ceux qui connaissent un haut niveau de développement. Les USA viennent en tête des sociétés atteintes par ce fléau ; l'alerte est donnée en France, en Chine et dans les pays du Golfe. Les humains payent là une rançon à la société de consommation érigée par le libéralisme économique. Les conséquences sont désastreuses tant pour la personne obèse que pour la collectivité. La sécurité sociale aura à gérer les dépenses faramineuses générées par les arrêts de travail et les maladies, tels le diabète et l'hypertension. Afin de contrecarrer ce fléau, les autorités sanitaires de ces pays préconisent deux axes d'intervention. A titre répressif, elles ont mis en place un arsenal juridique de dissuasion. Les grands trusts de l'agroalimentaire et les services de restauration sont sommés de ne pas utiliser certains produits (colorants chimiques) et d'observer l'usage d'un taux maximal pour d'autres (graisses, sucres). La publicité dans les grands média s'est elle aussi mise à l'index. Elle est à l'origine d'une politique d'encouragement néfaste à la saine alimentation, celle des enfants en particulier. Cependant, grâce à leur puissance, les lobbies capitalistes visés par cette réglementation résistent. Le mal continue à gangrener ces sociétés. C'est vers l'institution scolaire que se tourne les regards. La prévention à moyen et long termes est considérée comme l'ultime rempart face à cette déferlante. L'éducation nutritionnelle inculquera les sains réflexes et les bonnes habitudes alimentaires dès le préscolaire et tout au long de la scolarité. C'est pour sensibiliser ses auditeurs aux dangers de l'obésité que la radio Chaîne III a programmé une émission spéciale dimanche passé. Dans une des nombreuses interventions téléphoniques, une auditrice a montré le véritable visage de l'irresponsabilité. Elle a superbement ignoré les conseils pour la prévention de l'obésité prodigués à l'antenne par le médecin consultant. Enfermée dans une compréhension restrictive de la religion musulmane, elle a insisté sur l'inexistence — dans notre pays — de ce danger de santé publique pour la simple raison qu'un bon pratiquant ne peut devenir obèse. De son côté, le docteur Benachenhou a expliqué les ravages de cette maladie : le mal provient pour la majeure partie des cas d'une mauvaise alimentation voire d'une alimentation déséquilibrée. Et de citer les produits incriminés (les graisses, le sucre...) ainsi que les modes de vie (sédentarité, repas décalés, absence de pratique sportive). Le pédagogue présent sur le plateau de concert avec l'animatrice a orienté son plaidoyer sur la prévention via l'école. Le débat a tourné autour du rôle pédagogique de la cantine scolaire, des cours d'éducation nutritionnelle à prendre en charge par différentes disciplines scolaires. Les consultants ont souligné le rôle des parents. Ils sont l'indispensable relais. La bonne dame, une enseignante en retraite (et oui !), a continué à nier ces dangers et à focaliser sur les interdits consacrés par la religion : la viande de porc et l'alcool. Pas un mot sur l'éducation des enfants, l'équilibre des repas ou l'impact de nos mauvaises habitudes alimentaires qui font la part belle au gras et aux sucreries. Pour elle, le salut est uniquement dans la pratique religieuse. Un tel comportement qui refuse l'argumentaire scientifique est pire que l'appétit vorace des trusts de l'agroalimentaire. Il se réfugie dans le sacré pour avaliser l'irresponsabilité (et dans notre cas celui d'une éducatrice). A moins d'être un adepte de la « religion de l'autruche », ce fléau frappe aux portes de notre société. Il est temps d'y faire face même si à l'inverse des autres pays, le notre est gangrené par ce type de mentalité. Quiconque dénigre l'argument scientifique au profit du fatalisme et du charlatanisme se dirige droit vers le précipice de son aveuglement.