Une pétition a été lancée par les habitants de la commune de Aïn Benian pour dénoncer leur exclusion des programmes de logement. A l'origine de cette démarche, traduisant l'étendue de la colère et de l'indignation des citoyens, l'absence quasi totale d'intérêt de cette municipalité en matière d'attribution de logements. Pourtant, indiquent des habitants, cette commune accueille le plus grand nombre de projets d'habitation au niveau de la capitale, avec plus de 23 500 unités, toutes formules confondues. Mais, rien n'est prévu pour les résidants, qui assistent dubitatifs à des opérations de relogement lancées tambour battant. Cette pétition, expliquent ses initiateurs, ne concerne pas que les habitants des bidonvilles et des habitations précaires, mais tous les résidants de la commune. «Nous ne sommes pas contre la venue d'habitants d'autres localités de la capitale, mais nous nous opposons à notre exclusion et au relogement de familles originaires des wilayas limitrophes», s'indigne un membre de l'association représentant la cité 11 Décembre. Selon lui, des milliers de citoyens souffrent le martyre dans des habitations invivables, sans que les autorités concernées les fassent bénéficier des multiples projets de logements qui poussent partout. «Des cas d'extrême urgence ont été signalés aux services de l'APC, un engagement pour leur recasement immédiat a été pris, mais n'a jamais été mis à exécution», s'insurge notre interlocuteur. Seulement quelques familles ont été relogées et cela remonte à loin. Pourtant, la commune de Aïn Benian, apprend-on auprès des habitants, renferme de nombreuses cités précaires, des bidonvilles et de vieilles bâtisses. Hormis la problématique du relogement, des centaines d'autres citoyens, tous originaires des lieux, continuent à survivre dans des habitations précaires, en raison des blocages bureaucratiques qui les empêchent de construire en dur. Le cas de la cité du 11 Décembre est édifiant. Près de 800 familles y sont «coincées» dans des «gourbis» depuis l'indépendance. Pourtant, cette cité a bénéficié d'un projet «pilote» de restructuration, censé aboutir à la délimitation des zones bâtissables et celles concernées par le passage de projets d'utilité publique. Ce projet, expliquent des membres de l'association de quartier, devait permettre aux habitants de disposer d'un plan d'urbanisme définitif pour pouvoir construire légalement, indemniser dans un terrain mitoyen d'autres familles et recaser les résidants des bidonvilles, qui se greffent à cette gigantesque cité. Une solution acceptée par les autorités publiques et les citoyens, mais dont l'application demeure tantôt otage de blocages administratifs, tantôt de tractations politiciennes au niveau de l'APC. «Un travail de fourmi a été pourtant accompli par l'Association de la cité 11 Décembre, de l'aveu même des représentants de l'APC. Un dernier recensement a été effectué sur demande du maire et des séances de travail ont été organisées avec les services de la mairie. Le tout a été validé et transmis à la wilaya déléguée où, hélas, le dossier dort dans les tiroirs de l'administration» raconte-t-on. Nos interlocuteurs admettent que l'essentiel du travail a été fait, malgré le grand retard accusé, il ne reste qu'une infime partie pour que le grand problème de cette cité ancienne de la commune soit définitivement réglé. Pourvu que l'administration décide de faire avancer les choses.