Les manœuvres militaires, organisées samedi 23 avril dans la région sud des territoires libérés, ont mobilisé les unités des trois Régions militaires (1, 3 et 7). Ces opérations intervienent dans un contexte particulier, marqué par une vive tension entre la RASD et le royaume du Maroc, suite à la visite du secrétaire général de l'ONU, Ban Ki-moon, dans les camps de réfugiés à Tindouf. Koul El Watan aw echahada» (Tout le pays ou le martyre.» Dans son joli treillis, Hananine Farha est une femme très occupée. Infirmière de formation, cette quadragénaire était venue avec son groupe d'amies pour assister aux manœuvres militaires organisées par l'état-major de l'Armée de libération populaire sahraouie (ALPS) dans la région d'Aghouinit, au sud des territoires libérés. «Je suis infirmière, sage-femme, cuisinière parfois, mais militaire je le suis toujours. Je suis capable de démonter et remonter une kalachnikov comme personne», s'enorgueillit cette femme fière, dont la voix enrouée est enveloppée par les youyous de ses accompagnatrices regroupées par dizaines sur ce promontoire de rochers graniteux, qui domine le champ de manœuvres. Comme Hananine, elles, ou ils, sont plusieurs à souhaiter «s'incorporer» dans les rangs de l'armée sahraouie. Les manœuvres militaires, organisées samedi 23 avril dans la région, au sud des territoires libérés, ont mobilisé des unités des trois Régions militaires (1, 3 et 7). L'organisation de ces opérations intervient dans un contexte particulier, marqué par une vive tension entre l'ONU et le royaume du Maroc, suite à la visite effectuée par le secrétaire général de l'ONU, Ban Ki-moon, dans les camps de réfugiés à Tindouf. La partie marocaine a expulsé la composante civile de la Mission des Nations unies pour l'organisation d'un référendum d'autodétermination au Sahara occidental (Minurso). «Les manœuvres s'inscrivent dans le cadre du programme annuel de l'état-major, réuni en mars à Bir Lahlou. Elles font suite à l'escalade voulue par le régime marocain, qui s'est posé en dissident face à la communauté internationale. Nous nous préparons à toutes les éventualités», avertit Abdallahi Lahbib Lballal, le ministre sahraoui de la Défense, à l'issue des opérations engagées dans ce plat pays de la région, dont il était le commandant en chef. Le mandat de la Minurso prendra fin le 30 avril. Le 28 (demain), le Conseil de sécurité étudiera la question de la prolongation du mandat de la mission. Le Conseil de sécurité de l'ONU devait recevoir, hier, l'envoyé spécial de la présidente de la Commission de l'Union africaine (UA) pour le Sahara occidental, Joakim Alberto Chissano, pour discuter des derniers développements survenus dans les territoires sahraouis occupés illégalement par le Maroc depuis 1975. Les jeunes veulent reprendre les armes Rencontrant, à l'issue des manœuvres, des éléments militaires de la Minurso, le Premier ministre sahraoui, Abdelkader Taleb Omar, a rappelé les missions des Nations unies : «Nous sommes des adeptes de la paix et non pas de la guerre. Mais si nous sommes contraints, nous la ferons. Nous voulons que les Nations unies et ses décisions soient respectées. Expulser ses éléments les dévalorise.» La direction politique du Front Polisario menace de recourir à la force, si la communauté internationale refuse de prendre ses responsabilités. Rappelant la «dangerosité» du précédent provoqué par la décision du royaume marocain (expulsion des éléments de la Minurso), Taleb Omar a précisé, lors d'une conférence de presse organisée au QG de la 7e Région, que «devant cette nouvelle donne (expulsion de la composante politique et violation du cessez-le-feu par l'assassinat de Brahim Sika, ndlr), le peuple n'a qu'un choix : préparer ses forces armées dans les prochains jours». «Nous sommes à la croisée des chemins», met en garde Taleb Omar. Les «propositions courageuses» de Ban Ki-moon contenues dans son rapport au Conseil de sécurité sont rappelées par le cadre du Polisario : «Ban Ki-moon a le mérite de le rappeler à la communauté internationale sur une affaire qui dure depuis plus de 40 ans et qui a généré le désespoir (…). Le statu quo ne peut pas durer. Un travail sérieux doit être engagé. Il faut des mesures.» Si le Front Polisario s'attend à un renouvellement du mandat de la mission onusienne, il insiste particulièrement sur le retour de sa composante politique, qui devait permettre la reprise des négociations sur un hypothétique référendum d'autodétermination. Les Sahraouis veulent aussi que les prérogatives de la Minurso soient étendues à la surveillance des droits de l'homme. Intervenant le soir des manœuvres dans cette région au sud des territoires libérés, le Premier ministre sahraoui a évoqué sur un ton vigoureux, devant ses compatriotes sahraouis, la «mobilisation» des combattants à la lutte, si la communauté internationale ne fait pas respecter ses propres règles. Lors de cette soirée, la direction politique a récompensé l'Union de la jeunesse sahraouie, qui maintient sa pression sur la direction politique pour reprendre les armes. Aux propos de Taleb, la réponse de la jeunesse en uniforme ce soir-là était: «La badil, la badil, ala el istifta» (Pas d'alternative au référendum d'autodétermination).