Aujourd'hui, le Conseil de sécurité de l'ONU doit confirmer, par le biais d'une résolution, sa décision de proroger le mandat de la Minurso, dont la composante civile et politique a été récemment expulsée par le Maroc. Dans le cas du conflit du Sahara occidental, une résolution du Conseil de sécurité n'a jamais été autant attendue. La raison ? La décision prise unilatéralement par le Maroc de décapiter la Minurso fait craindre une reprise des hostilités, après 25 ans de cessez-le-feu. Cette reprise est à redouter surtout si le Conseil de sécurité ne se bat pas pour que la Minurso retrouve la plénitude de ses moyens et exerce la mission pour laquelle elle a été créée, c'est-à-dire permettre au peuple sahraoui de s'autodéterminer. Pour éviter tout risque de dérapage dans la région, des sources proches du Conseil de sécurité de l'ONU ont révélé, hier à El Watan, que les Etats-Unis ont présenté un projet de résolution au Conseil de sécurité qui «insiste sur l'urgence pour la Minurso de reprendre immédiatement ses pleines fonctions». En somme, il s'agit là d'un désaveu clair pour le Maroc qui cherche à dévitaliser la Mission. Le projet de résolution en question soutient également le principe de «la prorogation du mandat de la Minurso pour 60 jours supplémentaires» au terme desquels le secrétaire général de l'ONU aura à présenter «un nouveau rapport sur la situation» au Sahara occidental. Ce n'est pas tout. Les Etats-Unis exhortent en outre les parties en conflit (le Maroc et le Front Polisario, ndlr) à «reprendre instamment les négociations de bonne foi et sans condition préalable». Dans une allusion claire aux tirs d'une unité de l'armée marocaine sur un troupeau de dromadaires et un chamelier qui approchaient du mur dressé par les Marocains pour couper le Sahara occidental en deux, les Américains ont appelé les deux parties à respecter «l'accord de cessez-le-feu». Les Marocains, apprend-on, ont été autant affolés que surpris par le ton véhément du projet de résolution américain. Leurs alliés traditionnels se sont, indique-t-on, mobilisés pour introduire des amendements substantiels à la proposition américaine. Ils cherchent, dit-on, à ménager «une sortie honorable» du Maroc. La décision d'expulsion de la composante civile et politique de la Minurso a été prise par le roi Mohammed VI himself qui aurait juré de tous ses grands dieux que cette décision était «irrévocable». A signaler que malgré l'opposition de la France, du Sénégal et de l'Egypte, le représentant spécial de l'Union africaine (UA) pour le Sahara occidental, Joaquim Chissano, a pu s'exprimer mardi devant le Conseil de sécurité. M. Chissano a demandé aux membres du Conseil de déterminer une date pour la tenue d'un référendum d'autodétermination du peuple sahraoui et appelé ceux-ci à assumer leurs responsabilités en cas d'échec du processus onusien de règlement du conflit. Lors de la réunion tenue à huis clos, l'ancien président mozambicain a plaidé pour la décolonisation du Sahara occidental, exigé l'annulation des mesures de rétorsion prises par le Maroc contre la Minurso et demandé le plein rétablissement des activités de cette mission onusienne. En réitérant la position constante de l'Union africaine à l'égard de la décolonisation du Sahara occidental, l'ancien président mozambicain a réaffirmé l'engagement de l'organisation africaine à continuer à être associée au processus du règlement de la question sahraouie comme c'est le cas pour les autres conflits du continent inscrits dans l'agenda du Conseil de sécurité.